Alors que s’ouvrent les premières stations de sports d’hiver, l’Association nationale des médecins de montagne alerte sur un risque de péril des cabinets libéraux concernés. Raison invoquée : l’entrée en vigueur imminente des nouvelles règles de cotation de majoration pendant les week-ends et jours fériés, prévue dans la nouvelle convention médicale.
Actuellement, ces médecins qui assurent des consultations sans rendez-vous dans le cadre de la régulation facturent une majoration spécifique de 26,50 euros (CRD) les dimanches et jours fériés en cas de consultation au cabinet, permanence des soins dans le cadre de la régulation, soit 53 euros. Et pour les actes non régulés, la majoration spécifique (F) applicable le dimanche et jour férié est de 19,06 euros
Or, une nouvelle majoration (5 euros seulement) pour les soins non programmés non urgents, hors régulation, s’apprête à entrer en vigueur, jetant le trouble dans le secteur. Ainsi, les consultations non régulées, réalisées aux horaires de PDS-A et ne répondant pas à la définition de l’urgence vitale, bénéficieront d’une majoration (MHP) limitée à 5 € à partir du 22 décembre 2024, sous réserve que ces actes soient facturés à tarif opposable.
La médecine de montagne, qui assure précisément des soins non programmés chaque hiver, estime être une victime collatérale de la volonté du gouvernement d’encadrer « l’activité non régulée » des centres de soins non programmés (SNP). « Nous ne pouvons pas être assimilés avec les centres de SNP, s’indigne le Dr Jean-Baptiste Delay, président de l’association des médecins de montagne. Les cabinets en station sont labellisés et les ARS le savent ! Nous payons plus cher nos secrétaires le week-end et nous voulons travailler dans de bonnes conditions pour les patients. »
Mesures inadaptées ?
Selon le généraliste installé à Arâches-la-Frasse (Haute-Savoie), l’application de ces nouvelles règles tarifaires moins avantageuses risque de décourager les quelque 300 médecins de montagne (répartis sur 80 sites) de continuer à assurer les créneaux le week-end et jours fériés. « Les patients vont emboliser les services d’urgences des hôpitaux et cela mettra la pression sur nos collègues urgentistes », avertit le Dr Delay.
Chaque année, les praticiens de montagne prennent en charge 120 000 à 140 000 accidents pour les huit millions d’usagers des pistes. « Près de 95 % des traumatisés des sports d’hiver sont pris en charge entièrement par les cabinets de montagne, ouverts 7 jours sur 7 pendant toute la saison, épargnant les transports sanitaires et les urgences hospitalières déjà sous tension », ajoute le médecin, pour qui ces cotations sont inadaptées à la pratique spécifique de montagne. Dans ce contexte, l’association des médecins de montagne a adressé un courrier d’alerte au ministère de la Santé, restée sans réponse.
Valorisation des visites en montagne en 2026…
Afin de prendre en compte certaines spécificités territoriales, les partenaires conventionnels avaient entériné la création d’une nouvelle majoration de déplacement MDM valorisée à 15 € le 1er janvier 2026, si l’un ou l’autre des domiciles du patient ou du cabinet du médecin se situe en zone montagne (au sens de la loi Montagne). Par ailleurs, les tarifs des indemnités kilométriques en zone montagne seront revalorisés à 1 € en métropole à la même date.
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