Invité ce mardi de la journée de rentrée des Libéraux de santé (LDS), une intersyndicale interprofessionnelle*, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau a clairement ouvert la porte à une nouvelle hausse de la consultation de référence, dans le cadre des prochaines négociations conventionnelles.
Le ministre espère avoir relancé les discussions avec la profession avant le 1er novembre, date d'application de la hausse de 1,50 euros actée dans le règlement arbitral. Il ne devrait y avoir « aucune ambiguïté » sur le fait que la consultation du généraliste à 26,50 euros « n'est qu'un passage, pas un point d'arrivée », a-t-il ajouté. Pour autant, ces discussions figurent parmi les « plus compliquées dans l'histoire des conventions » entre les médecins et la Sécu, du fait des contraintes qui pèsent sur le système de santé, a observé Aurélien Rousseau, qui doit fixer le cadre de ces négos.
Trouver un chemin de sortie
Le locataire de Ségur s'est en tout cas montré déterminé à dépasser rapidement l'échec du round précédent avec les médecins libéraux. « Je souhaite réengager les discussions le plus vite possible. Mais si on s'y engage, c'est pour trouver un chemin de sortie », a martelé le ministre. « C'est pourquoi je propose de simplifier les objectifs qu'on poursuit », avance-t-il. À ses côtés, Sébastien Guérard, président des LDS, s'était montré offensif sur le terrain tarifaire. « Faire une consultation complexe et ne voir que des patients lourds toute la journée pour 26,50 euros, ce n'est pas acceptable », a-t-il plaidé.
Aurélien Rousseau a du moins réaffirmé son attachement au système conventionnel, « capable d'être le meilleur outil pour absorber les difficultés du système de santé ». Et il a salué la « dynamique » contractuelle après la signature d'accords entre la Cnam et huit professions de santé (infirmiers, dentistes, biologistes, masseurs-kinés, pédicures podologues, sages-femmes, laboratoires de biologie médicale et transports sanitaires).
PDS, responsabilité collective
Pour l'ancien dircab d'Élisabeth Borne, les accords conventionnels ne sont plus seulement « tarifaires » mais doivent permettre le déploiement de sujets comme la prévention ou le développement durable. « Si on échoue – et certains le souhaitent – on basculera vers une dynamique où seul le Parlement intervient, sans doute avec moins d'agilité et de proximité avec ce qu'est la réalité de vos professions », a mis en garde Aurélien Rousseau.
Allusion à peine voilée à la proposition de loi Valletoux, qui inquiète toujours les médecins libéraux. « La responsabilité territoriale prévue dans le cadre de la permanence des soins est-elle synonyme du retour à une obligation individuelle des gardes obligatoires ? », a interpellé le Dr Franck Devulder, vice-président des LDS et président de la CSMF. « On fait dire à ce texte de loi plus que ce qu'il veut dire. Il met en avant une responsabilité collective sur la permanence des soins en établissement. La formule est une affirmation politique », a corrigé Aurélien Rousseau.
Alors que les Libéraux de santé se disent prêts à travailler sur les contours des métiers, Aurélien Rousseau a enfin vanté les mérites du « décloisonnement » et de « l'élargissement des compétences », « condition » pour rendre attractif les métiers. De fait, la délivrance directe d'antibiotiques par les officinaux contre les cystites et les angines, sans passer par la case médecin mais après un test, est un bon exemple à ses yeux de ce qu'il faut développer. « On n'est pas sur des actes médicaux. Et ce sont des difficultés que nos concitoyens ne comprennent pas », s'est-il défendu. Suffisant pour convaincre ?
* Les Libéraux de Santé (LDS) regroupent les 10 principaux syndicats représentatifs de professionnels de santé libéraux : les CDF, la CSMF, la FFMKR, la FNI, la FNO, la FNP, la FSPF, le SDA, le SDBIO et le SNAO
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