Une course de haies. C’est à cette discipline sportive que pourraient être comparées les élections aux Unions régionales de santé (URPS) tant la route qui sépare le départ de la ligne d’arrivée est jalonnée d’étapes. Premier palier, et non des moindres, dans cette période électorale : la constitution des listes. Les syndicats avaient jusqu’au 3 août pour les déposer auprès des Agences Régionales de Santé (ARS). Un exercice qui les a occupés une partie de l’été. D’autant qu’ils devaient prendre en compte le redécoupage territorial et le passage de 26 à 17 régions.
La CSMF, seule à avoir des candidats partout
Seule à avoir réussi le challenge, la CSMF présente des listes pour le collège généralistes dans l’ensemble des régions métropolitaines et outre-mer. Autrement dit, 655 candidats portent les couleurs de l’UNOF, la branche généraliste de la Conf’. Tout en assurant avoir « laissé un maximum de liberté aux acteurs de terrains », Luc Duquesnel précise qu’ils devaient respecter « trois priorités ». Garantir « une bonne représentativité des anciennes régions dans les nouvelles, une bonne représentativité de l’ensemble des départements et avoir des médecins prêts à travailler pour les URPS », énonce le chef de file de l’UNOF.
Fort de 15 listes – seules la Guyane et la Martinique manquent à l’appel – MG France sera représenté par
639généralistes. L’élaboration des listes s’est révélée « ni facile ni difficile » selon Claude Leicher. « On a fait place à une nouvelle génération qui envisage l’exercice de façon sensiblement différente », poursuit-il, assurant que les listes MG France connaissent « beaucoup de renouvellement avec beaucoup de jeunes. »
Quant aux organisations de Jean-Paul Hamon et Éric Henry, elles présentent chacune 14 listes. Soit 571 candidats pour la FMF et 603 pour le SML, l’une et l’autre n’étant pas absente des mêmes régions. Jean-Paul Hamon reconnaît d’ailleurs qu’il n’a pas toujours été simple de trouver des médecins prêts à s’engager. « À l’exception des actions de quelques URPS, beaucoup de médecins se demandent à quoi elles servent, avance-t-il en guise d’explication et ça devient délicat de motiver les médecins pour être présents sur les listes. » Un problème qui semble avoir été épargné au SML. « Il y avait beaucoup plus de candidats que de places à pourvoir », assure Éric Henry. Pour prévenir toute difficulté, le syndicat s’est doté d’une « charte de bonne pratique » dont le principe essentiel s’apparente à la proportionnelle. « Le positionnement dépend de l’investissement des présidents de départements », explique Éric Henry qui l’apprécie au regard du nombre d’adhérents par rapport à celui d’électeurs. Il faudra compter aussi avec quelques listes dissidentes, mais moins que lors de l’édition précédente : Union Collégiale joue les perturbateurs en Paca, Ile-de-France et dans le grand Nord, trois listes validées parmi les 13 déposées par l’organisation. Et on comptera une liste FML dans le collège généraliste de Franche-Comté.
Les listes ficelées et la rentrée effectuée, les syndicats entrent désormais dans le vif du sujet : la présentation de leur programme. Là dessus, les grandes lignes se recoupent. Opposition à la loi de santé, revalorisation de la consultation, garantir le régime de retraite sont quelques-uns des leitmotivs qui se retrouvent d’un syndicat à l’autre. Après « deux mois de travail approfondi, nous avons un vrai programme », assure Éric Henry. À ses yeux, le SML est « structuré sur tous les sujets et a des réponses à apporter à tous les dossiers ». « Répondre aux problématiques rencontrées quotidiennement par les médecins généralistes » est aussi l’ambition de l’UNOF qui souhaite « rendre ainsi la médecine générale libérale plus attractive. » Il s’agit, pour Luc Duquesnel, de « rendre la médecine aux médecins ».
Du côté de la FMF, il est question d’un « vrai programme de gouvernement », élaboré lors du congrès du syndicat à Marseille, en octobre. En matière programmatique, Jean-Paul Hamon ne manque pas d’idées pour remettre l’hôpital à sa place et dégager ainsi des moyens pour la ville. Il n’hésite pas non plus à faire référence aux « 40 dernières pages de son livre » paru au printemps sur fond de contestation à la loi Touraine. Quant à MG France, deux sujets occupent largement son programme : la lutte contre le caractère obligatoire du tiers payant et l’équité, suivie d’une revalorisation. Le dossier de l’accessibilité intéresse également le syndicat dont la crainte est la disparition de cabinets.
Dernière ligne droite
Leur programme finalisé, les syndicats amorcent désormais la dernière ligne droite. Tous vont se rendre en région pour présenter leurs propositions. Et écouter leurs électeurs. Des actions ponctuelles pour alerter sur la désertification médicale ou la loi de santé devraient émailler la campagne. Histoire de maintenir la pression et de se donner une image combative. Mais, surtout, chacune devra composer avec ses points forts… et ses points faibles pour faire passer ses messages auprès des médecins généralistes.
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