Drôles de coïncidences que celles qui viennent d’assombrir la profession. Façon de parler, bien sûr, tant ces deux faits laissent sans voix. Drame dans le Sud-Ouest d’abord où un généraliste, à bout de souffle sans doute, a décidé d’en finir. Il était apprécié de ses malades et père de deux enfants. On fera, bien sûr, le procès de l’exercice en solo, votre confrère exerçant seul. D’aucuns invoqueront aussi des facteurs personnels pour tenter d’expliquer l’inexplicable. Quel gâchis en tout cas ! Et quelle tristesse d’achever si brutalement, à soixante ans passés, une existence entièrement consacrée à prendre en charge, soigner et sauver des vies. Celles des autres, au détriment peut-être de la sienne…
La même semaine, c’est la mésaventure d’une consœur de Rhône-Alpes qui mettait en émoi toute sa région. L’histoire lui a valu les colonnes du « Dauphiné Libéré », à la rubrique « faits divers ». L’affaire est pourtant tout sauf banale et divertissante. Ce jour-là, la généraliste venait de refuser un arrêt de travail à un commercial de 37 ans. Colère de ce dernier qui revint muni d’un fusil, fit feu au hasard du cabinet, heureusement vite maîtrisé par un confrère de la victime. « Plus de peur que de mal », comme on dit, mais l’incident est révélateur des aléas d’un métier de plus en plus pris en étau entre les exigences contradictoires des individus et de la société. Ne succédait-il pas au courrier adressé mi-avril par un maire d’Île-de-France, intimant à « ses » prescripteurs de lever le stylo sur les I J des agents communaux ?
À quelques jours d’intervalle, ces deux récits interpellent. À la mesure des réactions nombreuses postées sur notre site Internet. Comme si, par-delà leur singularité, ces destins funestes disaient quelque chose de toute une profession. On évoquera, bien sûr, les difficultés du métier, dans un contexte que tout contraint : la crise de la démographie médicale, les attentes de la patientèle, les exigences des pouvoirs publics. Au-delà, c’est la difficulté de tenir le cap pour le médecin de famille qui se trouve posée face à une population de plus en plus déboussolée. Comme si la détresse de celle-ci pouvait déteindre sur ceux qui si intimement la connaissent. Reste que le plus inquiétant dans ces deux tragédies, c’est qu’elles ne sont pas si exceptionnelles. Venant après tant d’autres, elles ne doivent pas seulement enrichir les statistiques mais alerter au plus haut niveau. Après tout, les conditions de travail sont censées être au cœur des négociations actuelles…
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