« Faisons confiance aux médecins de terrain qui connaissent les besoins de leurs territoires ! » : c'est la supplique des syndicats de médecins libéraux à l'heure où le gouvernement annonce et prépare la généralisation France entière du service d'accès aux soins (SAS), cette plateforme universelle de réponse immédiate aux appels urgents et non programmés.
Les médecins déjà organisés sur leur territoire devront-ils obligatoirement s'inscrire sur la nouvelle plateforme numérique nationale dans le cadre de cette généralisation ? Consulté sur le projet de décret en cours d'écriture – qui doit définir le cadre réglementaire du SAS –, le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF, s'oppose fermement à cette obligation systématique de raccordement des praticiens à la plateforme SAS. Pour le généraliste mayennais, cette contrainte serait inutile dans les territoires où il existe déjà des organisations territoriales opérationnelles (comme les CPTS) prévoyant une régulation médicale et une réorientation des appels.
Incertitude sur le supplément de 15 euros
C'est le cas dans son propre département de la Mayenne avec huit CPTS dont deux qui prennent en charge des soins non programmés. « Ces collectifs ont des secrétaires ayant directement accès à l'agenda des médecins libéraux du territoire et peuvent ainsi trouver des effecteurs pour les appels en provenance des opérateurs SAS, explique le Dr Duquesnel. Les médecins adhérents à ces CPTS n'ont pas besoin de s'inscrire eux-mêmes sur la plateforme nationale. Si on les y oblige, on va perdre des volontaires. »
Sauf que cette non-inscription sur la plateforme SAS pourrait priver les médecins de coter la majoration de 15 euros en cas de prise en charge sous 48 heures d'un patient hors patientèle après régulation du Samu/SAS. « Si tel est le cas, il n'y aura pas de service d'accès aux soins sur notre territoire », avertit le Dr Luc Duquesnel.
Contradiction
Pour l'heure, le patron des Généralistes-CSMF dénonce la position ambiguë de la direction générale de l'offre de soins (DGOS) en contradiction avec les dernières déclarations favorables du ministre de la santé lui-même. Invité au séminaire de la conférence nationale des URPS des médecins libéraux (CN URPS ML), le 23 juin à Marseille, François Braun aurait affiché son attachement aux organisations territoriales existantes. « Dès lors qu'une régulation médicale et une organisation de réorientation des appels existent, elle n'a pas forcément besoin de s'articuler avec la plateforme nationale SAS qui n'est qu'un outil », aurait assuré François Braun, selon les propos rapportés par la CSMF.
Les arbitrages pourraient intervenir mi-juillet. Pour rappel, la plateforme nationale numérique héberge un annuaire qui recense l'ensemble de l'offre de soins non programmés disponible dans chaque territoire et un service d’agrégateur de disponibilités de créneaux des professionnels interfacé avec les logiciels de prise de rendez-vous. Un dispositif censé garantir l'orientation rapide des patients vers les effecteurs disponibles pour les consultations imprévues.
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