Après presque 15 ans d’échecs, difficile pour les médecins libéraux de croire encore en la réussite du DMP. Sur legeneraliste.fr, la moitié des 215 médecins ayant répondu à notre enquête avouent ne plus rien attendre de cet outil. Malgré la reprise en main par l’Assurance maladie, ils sont sceptiques quant au déploiement du dispositif. Le président de MG France le Dr Jacques Battistoni avoue « ne pas en attendre grand-chose ». Selon lui, le DMP n’est pas la priorité des professionnels de santé. Il « ne fera jamais de la communication entre les médecins. Or, nous demandons le développement des messageries sécurisées et des réseaux sociaux de professionnels », précise le généraliste.
Pas plus d’engouement à la FMF. « Au syndicat, nous le surnommons le Dossier mal parti », plaisante son président le Dr Jean-Paul Hamon. Ce dernier estime que c’est au gouvernement de « mettre le paquet » pour la réussite du DMP. Il prône une rémunération significative pour le médecin traitant qui alimente le dossier en documents.
Le patron de la CSMF, le Dr Jean-Paul Ortiz, plaide aussi pour un coup de pouce financier : « Rédiger un volet de synthèse est chronophage. Nous devons négocier avec la Cnam une rémunération attractive. » Le Dr Hamon ajoute que « les mises à jour des logiciels métiers ne doivent pas être à la charge des médecins ».
Aide financière
Le Dr Yannick Schmitt, président du syndicat ReAGJIR (remplaçants et jeunes médecins), affirme avoir personnellement déboursé 500 euros pour installer le module DMP sur son logiciel Mac. Le généraliste strasbourgeois fait partie des praticiens qui ont testé le DMP depuis 2016. Le Bas-Rhin était l’un des neuf territoires pilotes. « Cela fait un an que je vois passer des dossiers vides. Pour moi, l’enjeu sera désormais de convaincre les hôpitaux d’y intégrer systématiquement les comptes rendus d’hospitalisation. » Le Dr Schmitt critique aussi le manque d’ergonomie de la plateforme. « Aujourd’hui, mon logiciel métier ne me permet même pas d’intégrer un PDF au DMP. Il y a beaucoup de disparités entre les logiciels », déplore-t-il.
Pour les libéraux, le DMP sera une interface utile si et seulement si elle est simple d’utilisation. « Auquel cas les médecins se l’approprieront avec un peu de temps. Sinon, ce sera un nouvel échec », affirme le Dr Ortiz pour qui la gestion par la Cnam est encourageante. Le président du SML, le Dr Philippe Vermesch, estime que « le médecin doit accéder en un clic au volet de synthèse pour que le DMP devienne un outil pertinent ».
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