Réforme territoriale, loi de santé : les enjeux des élections aux URPS sont-ils différents des années précédentes ?
Patrick Hassenteufel. Je vois plutôt des parallèles avec celles de 2010 marquées par un changement important. Jusque-là, les élections étaient centrées sur la convention médicale et le positionnement par rapport à celle-ci. En 2010, la loi HPST avait pris une place importante dans les positionnements avec, en particulier, la création des ARS. Cette année les prises de position électorales sont marquées par l’opposition forte à la loi de santé, au tiers payant généralisé en particulier, beaucoup plus que sur les enjeux conventionnels, même s’il est aussi question de la revalorisation des actes. Il y a donc une continuité assez forte. Toutefois, en 2010, la loi était déjà votée alors que là on est encore en plein débat parlementaire.
L’impact du redécoupage des régions est plus difficile à apprécier car les ARS sont également organisées au niveau départemental avec lequel les médecins interagissent. Cependant le redécoupage peut contribuer à un sentiment d’éloignement et de distance vis-à-vis des ARS, en perturbant les relais d’influence, et aura probablement un impact sur les rapports de force électoraux du fait de l’existence de zones d’influence territoriales plus ou moins fortes des organisations.
Faut-il redouter une forte abstention ?
P. H. Depuis la création des Unions, en 1994, on note une tendance nette à la baisse de la participation (de 59 % à 45 %), y compris en 2010 alors que l’on pouvait s’attendre à une participation plus forte compte tenu des tensions. En 2015, le contexte conflictuel se prête plutôt à une hausse de la participation. Mais si la participation continue de baisser, deux enseignements pourront être tirés : d’une part, un fort scepticisme quant au rôle des URPS face aux ARS, d’autre part, une absence d’approbation forte de la ligne très conflictuelle, de défense traditionnelle de la médecine libérale, adoptée par les syndicats, par rapport aux enjeux des conditions d’exercice, des relations avec les autres professionnels de santé… En revanche, un regain de participation pourra être interprété comme un signe de mécontentement généralisé contre la loi de santé, indépendamment du résultat de chaque organisation. Ce sera donc un indicateur très important.
Quels sont les points forts et faibles des syndicats ?
P. H. Les différentes organisations ont des positionnements relativement proches (opposition à la loi de santé, revalorisation des honoraires), même si MG France met avant des enjeux plus spécifiques aux généralistes. Dans le climat actuel de contestation et de morosité, le fait que l’Unof-CSMF ait présidé de nombreuses URPS pourrait la desservir et favoriser MG France. Alliée à l’UFML et non signataire de la convention, la FMF se positionne comme l’opposant le plus radical. De ce fait le SML, qui avait obtenu d’excellents scores en 2010, risque aussi d’en pâtir électoralement, d’autant plus que la CSMF a aussi adopté un positionnement très conflictuel.
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