Alors que l'examen du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2019 débutera à l'Assemblée dans quelques jours, neuf médecins addictologues* ont adressé une lettre ouverte à Agnès Buzyn pour lui demander d'aller plus loin dans la lutte contre les addictions. Dans le document relayé par RTL, ceux-ci estiment que l'alcool est « le grand absent du financement » du fonds de lutte contre les addictions aux substances psychoactives.
Le fonds de prévention contre le tabac doit en effet être étendu à d'autres substances psychoactives (alcool, cannabis…) dans le PLFSS. Celui-ci bénéficiera d'un financement supplémentaire de 10 millions d'euros dès l'an prochain (il était pour le tabac seul de 100 millions d'euros). Pas suffisant selon les médecins addictologues signataires : « Augmenter de 10 millions d’euros le Fonds de lutte (...) relève d’un effet d’annonce sans commune mesure avec la dimension du problème », écrivent-ils. Cette somme de 10 millions injectée au fonds de prévention correspond « au produit des amendes forfaitaires sanctionnant la consommation de cannabis » précise l'avant-projet de loi.
Taxation forte comme pour les cigarettes
Les médecins signataires somment donc la ministre d'aller plus loin en taxant aussi fortement l'alcool. « Les excellents résultats obtenus en matière de lutte contre le tabac (1 million de fumeurs en moins en un an) grâce à la hausse du prix du tabac, montrent pourtant la voie à suivre car ils confirment l’efficacité des mesures de taxation et de contrôle du marketing », affirment-ils. Ils dénoncent également le manque d'engagement du gouvernement, dont la politique de lutte contre l'alcool « se résume aujourd’hui à une discussion picrocholine sur la taille en millimètres du pictogramme pour les femmes enceintes ! ».
Pour les signataires, le budget de la Sécu pour 2019 devra donc intégrer sans attendre « une taxe sur les boissons alcoolisées en fonction du gramme d’alcool pur pour financer les soins » et « une taxe sur les dépenses de publicité, y compris sur Internet, pour financer la prévention ».
* Signataires : Dr Bernard Basset, vice-président de l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA) - Dr Amine Benyamina, professeur de psychiatrie et d’addictologie, université Paris-XI - Dr Gérard Dubois, professeur de santé publique, Académie de médecine - Dr Irène Frachon, pneumologue, Brest - Dr Serge Hercberg, professeur de nutrition, université Paris-XIII - Dr Catherine Hill, épidémiologiste - Dr Albert Hirsch, professeur de pneumologie, université Paris-VII, administrateur de la LNCC - Dr Michel Reynaud, professeur de psychiatrie et d’addictologie, président du Fonds Actions Addictions et Pr Nicolas Simon, professeur de médecine Marseille, président de l’ANPAA.
Quatre généralistes font vivre à tour de rôle un cabinet éphémère d’un village du Jura dépourvu de médecin
En direct du CMGF 2025
Un généraliste, c’est quoi ? Au CMGF, le nouveau référentiel métier redéfinit les contours de la profession
« Ce que fait le député Garot, c’est du sabotage ! » : la nouvelle présidente de Médecins pour demain à l’offensive
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur