Ce n'est pas le premier mouvement de grève essuyé par Marisol Touraine, mais très probablement le dernier. Et cette fois, la ministre de la Santé n'est pas la seule à faire les frais de la contestation, puisqu'elle partage cette mise en cause avec son collègue de l'Enseignement supérieur. L'un des deux principaux syndicats d'internes en médecine appelle en effet à la grève à partir de mardi pour s'opposer à la réforme du troisième cycle des études médicales. En lançant ce mouvement, l'ISNI entend notamment réclamer l'allongement du temps de formation pour certaines spécialités dans le cadre de la réforme du troisième cycle des études médicales, censée s'appliquer en novembre prochain.
Franchement Marisol, t'as fini dans 2 semaines si tout va bien.
— Vie De Carabin (@VieDeCarabin) 12 avril 2017
C'est quoi ce besoin de tout niquer avant de partir ?#ReformeDu3eCycle
Dénonçant "une réforme bâclée", l'Intersyndicat national des internes (Isni) a donc déposé "un préavis de grève illimité" à compter du 18 avril. Il n'est pas suivi par l'Isnar-IMG qui représente les seuls internes en médecine générale, mais il a été rejoint par le Synmad, syndicat des médecins hépato-gastroentérologues et est soutenu par les sociétés savantes de cardiologie, néphrologie et hépato-gastro-entérologie. Les internes ont le soutien de la CSMF et du SML. "La réforme des études médicales cache, derrière des arguments pédagogiques, une volonté économique majeure. Nous ne voulons pas faire une médecine au rabais. Nous voulons continuer à prendre en charge les Français en pratiquant des soins de qualité," martèle Olivier Le Pennetier, président de l'ISNI et jeune interne en médecine générale à Marseille.
A l'hôpital, internes grévistes et "seniors" se sont "organisés" pour garantir la continuité des soins, a-t-il assuré à l'AFP.
Depuis plusieurs années, les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur travaillent à la réforme du troisième cycle des études médicales, c'est-à-dire de l'internat, qui dure de 3 à 5 ans selon les spécialités, en concertation avec l'ensemble du secteur. Mais cette réforme, qui ne s'appliquera qu'aux prochains internes, maintient un cursus en 4 ans en cardiologie, néphrologie et hépato-gastro-entérologie, alors que l'Isni et ses soutiens en réclament cinq. Chez les futurs généralistes de l'Isnar en revanche (mais pas chez les généralistes professeurs), on se satisfait en revanche du maintien d'un internat en trois ans. A l'Isnar, même si on reconnait que la réforme "n'est pas parfaite" et doit être précisée sur certains points, on salue "une réforme ambitieuse et porteuse d’innovations pédagogiques importantes."
A l'inverse, à l'Isni, on s'inquiète. Selon Olivier Le Pennetier, la réforme pourrait même entraîner une réduction du temps de formation, selon lui. Elle prévoit l'instauration d'un "statut d'assistant de 3e cycle" en 4e année, alors que les postes d'assistants sont actuellement réservés aux praticiens ayant terminé leur internat, explique-t-il. De son côté, le ministère de la Santé assure que la durée de formation n'est pas réduite et sera désormais "révisable annuellement". Mais tout "allongement nécessite que l'on s'assure des capacités de formation", prévient-il. Concernant cette fameuse "phase 3", l''Isni demande des garanties et au passage réclame aussi sa reconnaissance comme un an permettant l'accès au secteur 2.
Les internes sont invités à se rassembler mardi à 16H00 devant le ministère de l'Enseignement supérieur à Paris pour contester l'arrêté qui doit être présenté au Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (Cneser). En province, des rassemblements sont également prévus en matinée dans les halls des CHU.
Demain rassemblement des internes et externes de #Nice06 devant le @CHUdeNice Pasteur 2 concernant la réforme du 3eme cycle #R3C @ISNItwit
— Robin Jouan (@Robin_ANEMF) 17 avril 2017
L'Isni réclame également des garanties concernant la rémunération ou le nombre de terrains de stage à disposition des futurs médecins.
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