D’une ministre à l’autre, les centres de santé défendent leur modèle

Par
Publié le 09/10/2024
Article réservé aux abonnés

Le congrès annuel des praticiens des centres de santé se tient à Paris (10 et 11 octobre). Le rendez-vous vise à promouvoir ce modèle « en (r)évolution permanente » qui séduit les jeunes mais reste fragile.

Les centres de santé poussent l’idée d’un service public territorial de proximité

Les centres de santé poussent l’idée d’un service public territorial de proximité
Crédit photo : GARO/PHANIE

Deux jours durant, les participants au 63e congrès des centres de santé, à Paris, pourront assister à des tables rondes prônant une nouvelle alliance des services publics de santé « pour défendre l’accès aux soins des usagers ». Avec en ligne de mire, « le choc d’attractivité » nécessaire pour ces anciens dispensaires, la perspective d’un « nouvel accord national » avec l’Assurance-maladie, en présence du DG de la Cnam, ou encore une présentation inédite du système de santé nippon par la Fédération de santé japonaise – une coopérative médicale qui gère plusieurs centaines d’établissements de santé au pays du soleil levant.

À défaut de cap clair du nouveau gouvernement, les deux coprésidents de l'Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS), les Drs Julie Chastang et Frédéric Villebrun entendent marquer leur territoire et défendre un modèle salarié toujours fragile mais qui séduit. Ils appellent ainsi à « un plan Marshall d’investissement massif » au bénéfice de ces structures et, au-delà, à la création « d’un service public territorial de santé de proximité », conformément aux engagements du gouvernement précédent.

« Il y aura bien un plan pour les centres de santé en 2024 », avait en effet promis l’an dernier l’ancienne ministre Agnès Firmin Le Bodo, qui attendait les conclusions du rapport de l’Igas sur le modèle économique du secteur (subventions forfaitaires, part du paiement à l’acte, mix financier, gestion associative à but non lucratif, place du privé, rémunération des équipes, etc.). L’objectif était de garantir la pérennité budgétaire de ces quelque 2 900 structures (dont 1 200 centres médicaux et polyvalents), qui séduisent quelque 8 000 praticiens salariés.

Nous appelons à un plan Marshall d’investissement massif

Drs Julie Chastang et Frédéric Villebrun, coprésidents de l’USMCS

« Nous savons que le rapport de l’Igas a été finalisé. Il est sur le bureau des acteurs, du ministère, de la Cnam, de la direction générale de l’offre de soins… Mais, nous, représentants des centres de santé, n’avons pu y avoir accès », confie le Dr Villebrun, qui en appelle à la nouvelle ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, Geneviève Darrieussecq, pour envoyer des signaux tangibles. La Dr Hélène Colombani, présidente de la Fédération nationale des centres de santé (FNCS, gestionnaires), milite depuis des années pour revoir le mode de rémunération de ces centres. De l’avis général, le paiement à l’acte « ne permet pas de prendre en charge les patients chroniques », insiste la généraliste de Nanterre.

La nouvelle convention entre les centres de santé et l’Assurance-maladie (accord national) sera de ce point de vue un autre enjeu majeur, avec un atterrissage programmé en septembre 2025. « Nous arrivons au terme de la convention conclue avec la Cnam en 2015, explique la Dr Colombani. Elle aurait dû être renégociée en 2020, mais du fait de la pandémie de Covid, nous avions tous convenu de la proroger jusqu’à l’année prochaine ».

François Petty

Source : Le Quotidien du Médecin