Après dix ans à la recherche d’un médecin libéral, Arnac-la-Poste se dote d’un centre de santé Médecins solidaires

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Publié le 06/08/2024
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En Haute-Vienne, la commune d’Arnac-la-Poste va ouvrir en octobre un centre de santé sur le modèle original proposé par Médecins solidaires.

Est-ce la fin d’un long calvaire pour Arnac-la-Poste ? Dépourvu de médecin généraliste depuis 2015, le village de Haute-Vienne va ouvrir un centre de santé en octobre 2024. Après presque dix ans à chercher la perle rare – en l’occurrence un médecin libéral –, la commune de quelque mille habitants va finalement se doter d’un centre géré par l’association Médecins solidaires et financé par l’ARS Nouvelle-Aquitaine.

Le premier comité de pilotage du projet a eu lieu fin juin, en présence des représentants de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), de la Caisse primaire, de la communauté de communes, du conseil départemental et de l’association portée par le Dr Martial Jardel, relate le 5 août Le Populaire du Centre.

Temps partagé médical solidaire

Arnac devient donc la cinquième ville à être séduite par ce modèle original de centre de santé qui repose sur le principe du temps partagé médical solidaire. Concrètement, le centre tourne grâce à des généralistes qui se relaient à tour de rôle, chacun pendant au moins une semaine, pour exercer dans des structures en dur, spécifiquement conçues pour répondre à la pénurie de médecins dans les territoires.

À Arnac-la-Poste, la structure disposera d’un fonctionnement organisé autour de l’exercice d’un généraliste tournant toutes les semaines sur 50 semaines par an et de deux coordinateurs qui, eux, sont « fixes ». Remplaçants, libéraux installés ou jeunes retraités actifs, les médecins devraient venir de toute la France.

Du temps, de l’énergie et de l’argent

Comme beaucoup d’autres villages, Arnac a cherché pendant de longues années un remplaçant au départ en retraite de son médecin généraliste, en 2015. La mairie n’a pas ménagé ses efforts, ni même son porte-monnaie. En 2016, une médecin roumaine quitte les lieux après un an d’exercice. À cela deux raisons, racontait à l’époque la maire au Quotidien : la fin de la gratuité des loyers – cabinet et maison – qui lui avait été accordée, et, selon la médecin en partance, un manque de travail.

La commune s’est alors retroussé les manches, a fait appel à d’onéreux cabinets de recrutement pour trouver, enfin, l'oiseau rare. La mairie frappe à toutes les portes : fac de Limoges, envoi de courriers à des médecins déjà implantés, contact avec des internes, Conseil de l’Ordre, syndicats, associations professionnelles. Dans le même temps, elle acquiert un cabinet, le met aux normes et le modernise afin d'offrir à son futur locataire un outil de travail en bon état.

En 2019, bingo ! Le Dr Trigueros Alamo, qui exerçait jusque-là en milieu hospitalier et en maison de santé, en Espagne et au Portugal, s’installe à Arnac… Mais lui non plus ne reste pas, malgré la présence d’un écosystème favorable au développement d’une activité libérale : une pharmacie, deux cabinets d’infirmiers, un centre de secours de pompiers, un Ehpad, etc. « Il est parti alors que la colle de sa plaque professionnelle n’avait même pas eu le temps de sécher ! », s’amuse Céline Prévost, unique pharmacienne du village et membre du comité de pilotage du futur centre de santé.

La professionnelle, également secrétaire de la CPTS, se réjouit du principe de temps partagé médical solidaire, au final « tellement évident » : « Au lieu de demander beaucoup de travail à peu de gens, vous demandez un peu de travail à beaucoup de gens, c’est génial ! » Et pour le suivi des patients avec autant de médecins différents ? « Moi aussi, je vais réinventer ma façon de travailler, glisse-t-elle, très enthousiaste. Et puis, les coordinateurs restent, eux. »

Désormais, le travail de la commune va consister à transformer l’ancien cabinet médical laissé en jachère en centre de santé. « C’est un vrai challenge, a confié la maire, Sophie Drieux, au Populaire du Centre, car nous sommes en période estivale et la plupart des entreprises sont fermées en août. Ce projet a un coût. Mais le jeu en vaut la chandelle. »


Source : lequotidiendumedecin.fr