« La ROSP est un gouffre financier », s'indigne le Dr Patrick Dubreil (photo), patron du Syndicat de la médecine générale (SMG). Pourtant ce syndicat non représentatif a toujours défendu le forfait, la capitation ou le salariat comme mode de rémunération des médecins généralistes.
Réunis vendredi à Malakoff (Hauts-de-Seine) pour la première journée du 43e congrès du SMG, une dizaine d'adhérents étaient invités à s'exprimer lors d'un des trois ateliers simultanés consacré aux modes de rémunération figurant dans la convention médicale de 2016. « Usine à gaz » pour certains, « stimulus poussant à la performance médico-économique morbide », pour d'autres : la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP, 416,6 millions d’euros versés aux généralistes pour 2016, 7 000 euros environ par médecin de famille) est très décriée par les adhérents du SMG.
Premier problème selon eux : les patients sont soumis à des examens qu'on leur fait passer pour atteindre des objectifs chiffrés. Le Dr Patrick Dubreil ne comprend d'ailleurs pas que des mesures, censées être de santé publique, accordent une rémunération supplémentaire. « La Sécu dit ce qu'il faut faire pour être en bonne santé, sans concertation avec les professionnels de santé ni les patients », croit savoir le généraliste.
Un moyen de « faire taire les médecins » ?
Les médecins pieds et poings liés à l'Assurance maladie ? Le SMG semble le penser, dénonçant un « formatage des pratiques de médecine » résultant d'une convention symbole du « carcan d'une médecine individualiste ». Le Dr Martine Lalande, généraliste à Genevilliers (Hauts-de-Seine), émet même l'hypothèse d'une ROSP destinée « à faire taire les médecins… ou se les attacher ».
Surtout, les adhérents du SMG voient en la ROSP un mode de rémunération induisant des conflits d'intérêts entre logique de soins et logique financière, qui serait donc contraire à la déontologie.
Avertir les patients
Et comme le syndicat ne voit rien de bon venir, la ROSP devant s'étendre à de nouvelles spécialités, le SMG tente d'organiser la résistance. « Il faut que ça sorte de l'entre-soi, affirme une participante, il faut avertir les patients de ce qu'il se passe dans leur dos ! ».
Comment ? Les membres du SMG y réfléchissent encore. « Il faut diffuser notre message, le dire, l'écrire », clame un participant. Chacun est donc invité à activer ses réseaux.
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins
Désert médical : une commune de l’Orne passe une annonce sur Leboncoin pour trouver un généraliste
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre