On y arrive… Conventionnement sélectif et recertification. J'écrivais il y a plus de 10 ans dans cette même revue que si la profession n'anticipait pas cette exigence légitime du « payeur » en organisant elle-même de façon sérieuse une FMC de qualité puis une évaluation des pratiques débouchant sur une recertification comme l'ont fait les Québécois ou les Américains entre autres, elle se verrait imposer un oukase de l'État. Car si les médecins ne sont pas les seuls responsables d'une efficience médiocre de notre système de santé, ils y participent et le nier ne serait qu'une défense corporatiste de plus.
Nos multiples syndicats médicaux n'ont jamais fait preuve d'une grande imagination ni d'une grande créativité dans ce domaine avec toujours cette vieille antienne : « qu'est-ce que c'est qu'une bonne pratique, et qui va évaluer ? ». Deux exemples parmi tant d'autres. Un bilan de dépistage de la thyroïde, c'est une TSH seule point barre… On en est loin, même chez les endocrinologues. Devant une lombalgie simple, on ne demande pas un scanner mais des radiographies, la liste pourrait s'allonger très facilement, augmentée des actes de dépistages et de prévention non faits.
Le contrôle : qui contrôle les pilotes de ligne ? Qui contrôle les conducteurs de TGV ? Plusieurs pays ont déjà trouvé des réponses à cette question. Le Québec en particulier, mais en France nous allons bien sûr réinventer l'eau chaude… Mais de l'eau chaude française !
Je sens que je vais (encore) me faire des amis avec de tels propos. 35 ans au service de la FMC pendant mon activité professionnelle et 25 comme attaché d'enseignement à la faculté de médecine de Lyon m'ont convaincu que nous n'avions pas en France la culture de l'évaluation mais l'impact du monde anglo-saxon et sa culture protestante devient de plus en plus prégnant. Vouloir éviter qu'il gagne le petit monde de la médecine française serait un manque évident de lucidité. « Gouverner c'est prévoir. »
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