Après avoir claqué mercredi la porte des négociations conventionnelles sur l’avenant 9 pour dénoncer l'absence de perspective de revalorisations dignes de ce nom pour la médecine de ville avant 2023, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) sonne la révolte. À l’occasion d’une conférence de presse organisée ce jeudi matin, le patron du syndicat, le Dr Jean-Paul Ortiz, a affirmé que le divorce avec le gouvernement « était consommé » et appelé la profession à se mobiliser face au « choix politique clair du gouvernement » « d’orienter le système de santé vers l’hôpital et d’abandonner la médecine de ville ». Un choix que le leader de la Conf’ qualifie de « mortifère pour la santé des Français ».
La fin des « actes gratuits »
Le Dr Ortiz appelle ainsi « tous les médecins et les syndicats à s’unir ». « C’est par l’union des organisations représentatives que nous arriverons à contrecarrer ces décisions politiques », fait-il valoir. Une union syndicale semble néanmoins très hypothétique à six mois des élections professionnelles (le scrutin des URPS est prévu en avril 2021, N.D.L.R.). « Une sortie bruyante des négociations actuelles serait une posture, une gesticulation », a estimé MG France dans un communiqué publié ce jeudi. Le président de la CSMF a aussi encouragé les « médecins sur le terrain » à « prendre en main ce mouvement de contestation » en « discutant ensemble » pour trouver des modalités d’action.
Outre cette union de la profession, le président de la CSMF demande aux médecins libéraux de facturer à l’Assurance maladie tous les actes qu’ils effectuent pour l’heure gratuitement. « Aujourd’hui les médecins font beaucoup d’actes gratuits qui passent sous la ligne de flottaison, a-t-il expliqué. Cela peut être un patient qui vient rapidement pour demander un renouvellement d'ordonnance ou un certificat médical. Cela peut aussi être une personne qui vient pour un vaccin ou encore une maman qui arrive avec deux ou trois enfants et à qui on ne facture qu'une seule consultation. » « Il n’y a aucune raison qu’on continue à effectuer ces petits actes gratuitement vu la façon dont on nous considère », a-t-il indiqué. Assurant ne pas vouloir pénaliser les patients, le président de la CSMF invite les praticiens libéraux à utiliser exceptionnellement le tiers payant « y compris pour les complémentaires ». « Il faut le faire, c'est un geste de protestation », a-t-il insisté.
La pression jusqu’à l'élection présidentielle
Le Dr Ortiz, qui avait affirmé être prêt à entrer dans un « conflit dur avec le gouvernement », a enfin annoncé qu'une campagne de communication serait menée jusqu'à la prochaine élection présidentielle (printemps 2022, N.D.L.R.). Cette campagne visera à expliquer aux patients « que le gouvernement méprise leurs médecins » et sera menée « sur les réseaux sociaux, dans la presse nationale et surtout dans les cabinets avec des affiches et en dialoguant avec nos patients », a-t-il expliqué.
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