Les cadres du Syndicats des médecins libéraux (SML) se réunissaient ce week-end pour leur 9e congrès dans le cadre provençal d’Opio dans les Alpes-Maritimes. Malgré un soleil estival et une ambiance festive, les troupes du Dr Philippe Vermesch ont déploré l’absence de la ministre de la Santé. « Notre déception est d'autant plus grande que, cette année, notre syndicat ayant rejoint la convention médicale, nul obstacle ne pouvait être prétexté », a estimé le président. Agnès Buzyn a privilégié ce week-end un déplacement au congrès des internes de l’ISNI à Rouen. Le SML recevait par ailleurs en fin de matinée le directeur de la CNAM Nicolas Revel afin d’échanger sur les prochaines échéances conventionnelles.
Non au déremboursement de l’homéopathie
En discours d’ouverture, le Dr Philippe Vermesch, dans le franc-parler qui le caractérise, a apporté son soutien à ses confrères et consœurs homéopathes, « face à la croisade infâme dont ils sont victimes ». Depuis quelques mois, la polémique autour des « Fakemed » visant les homéopathes est au cœur de l’actualité. Plusieurs médecins ont signé une tribune pour demander le déremboursement de l’homéopathie. « Le SML défend une approche pragmatique de l’homéopathie qui rend service à de nombreux patients dans une approche thérapeutique spécifique » a rappelé le stomatologue de Saint-Raphaël, qui défend par ailleurs le remboursement.
« Si demain, l’homéopathie venait à être déremboursée, il y aurait un déport mécanique des prescriptions vers d’autres produits remboursés. Aussi la sagesse commanderait que les pouvoirs publics acceptent de regarder les études scientifiques produites par les homéopathes, et considèrent leurs intérêts économiques et ceux des patients à moins de vouloir faire plaisir aux laboratoires », a défendu le président du SML. Si Nicolas Revel n’a pas commenté ces propos, le message est passé. Outre ce sujet brûlant d’actualité, la présence du directeur de la CNAM était l’occasion de faire la lumière sur les prochaines échéances conventionnelles et de rassurer les libéraux sur la politique engagée par le gouvernement dans le plan santé.
Négo pour le financement des CPTS début 2019
La gouvernance des 1 000 Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) que le gouvernement souhaite voir se former d’ici 3 ans est également une inquiétude dont a fait part le SML à Nicolas Revel. « Nous ne voulons pas que les CPTS soient l'instrument déguisé d'une étatisation du système de santé » a défendu le Dr Vermesch. Celui-ci craint que le gouvernement « coupe les vivres » aux professionnels de santé qui n'exerceraient pas dans le cadre d'une CPTS alors qu’ils peuvent « exercer de façon coordonnée dans une ESP, un cabinet de groupe pluridisciplinaire, une MSP… ». Sur cette question, Nicolas Revel a assuré que les CPTS ne seraient pas « des éléments de contraintes administratives imposées d’en haut ». Il a par ailleurs annoncé que les négociations d’un accord conventionnel interprofessionnel (ACI) pour encadrer le financement des CPTS débuteront le 2 janvier 2019.
Le directeur de l’Assurance maladie reste toutefois évasif sur d’éventuelles sanctions à l’encontre des médecins qui refuseraient de se coordonner. « Si un médecin a un exercice non coordonné, on ne va pas le déconventionner demain matin. Cependant, est-ce que les rémunérations qui lui sont versées peuvent être strictement les mêmes que les praticiens qui auront évolué dans l’exercice coordonné ? C’est une question légitime qu’il faudra aborder », a-t-il lancé.
Assistants médicaux dans le forfait structure
Au sujet des assistants médicaux, une revendication de longue date du SML, le directeur de la CNAM s’est dit ouvert à l’intégration d’un nouveau volet dans le forfait structure afin d’inciter les médecins à y avoir recours. « Ce cadre est intéressant et pragmatique car le forfait structure existe déjà et est modulable. On peut donc tout à fait introduire un segment assistant médical », a affirmé Nicolas Revel. Le statut et les contours de ce nouveau métier restent cependant à construire. Nicolas Revel ne souhaite pas imposer un seul modèle d’assistanat médical et au contraire, « comme nous l’avons fait pour la télémédecine, ne céder à la tentation de tout normer. Ce qui sera le juge de paix c’est est ce que l’objectif visé est atteint » a-t-il affirmé.
Les discussions se sont également orientées autour de la rémunération. Le SML, très attaché à une revalorisation de l’acte, souhaitait faire part de son inquiétude face à l’arrivée de nouveaux forfaits. Pour rappel, le plan santé prévoit le développement des rémunérations au parcours et à l’épisode de soins. À ce sujet, Nicolas Revel a réaffirmé être opposé au « tout capitation », un système qu’il estime « sous-productif ». Il a cependant pointé du doigt les inconvénients du tout à l’acte, « qui ne favorise ni le travail collectif, ni la prévention et la qualité des prises en charges ». L’enjeu selon lui sera de trouver un équilibre « qui va conserver une part majoritaire de l’acte mais qui doit intégrer des éléments de diversification ».
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