Cohorte nationale post-Covid

Le devenir pneumologique se précise

Publié le 22/12/2020
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Le suivi des patients infectés par le SARS-CoV-2 permettra de déterminer les patients à risque de séquelles à distance. Une cohorte nationale s’est mise en place avec retard mais est déjà riche d’enseignements.
Un suivi respiratoire des patients

Un suivi respiratoire des patients
Crédit photo : Phanie

Les complications persistantes de l’infection à SARS-CoV-2, telles que la désaturation à l’effort ou la fibrose, ne sont pas limitées aux formes graves.

Dès la mi-mai, la Société de pneumologie de langue française (SPLF) a édité des propositions de suivi respiratoire des patients ayant déclaré un Covid-19 (1). L’idée est de suivre le devenir pneumologique de tous les sujets ayant eu un scanner anormal, hospitalisés ou pas, ainsi que celui de ceux toujours symptomatiques à distance de l’infection même sans avoir fait de forme grave et/ou avec un scanner initial anormal.

Cette cohorte nationale, en rassemblant les cas, est en effet le seul moyen de se faire une idée claire du devenir pneumologique post-Covid et de rechercher les facteurs de risque de non-récupération ou d’aggravation, c’est-à-dire du terrain prédisposant à des séquelles à distance.

Des formes graves, mais pas que

La Pr Claire Andrejak, coordinatrice de la cohorte et pneumologue au CHU Amiens-Picardie, avoue avoir mis du temps à la mettre en place : « entre-temps, plusieurs centres avaient déjà lancé la leur. Il nous a fallu harmoniser les données et le recueil. Résultat : les data remontent mais nous n’en sommes qu’au début. Néanmoins, nous avons déjà, chacun de notre côté, suivi des patients ».

Il en ressort déjà des premières impressions. « Tout d’abord, si les patients qui ont fait des formes très graves et qui ont dû être réanimés ont certes plus de risques de garder des séquelles, on peut avoir été en réanimation et ne pas souffrir de séquelles pneumologiques, explique-t-elle. À l’autre bout du spectre, on voit à l’inverse des patients sans forme de gravité initiale développer des complications ou des séquelles à distance. Et ceci pas forcément lorsque le patient présente un problème respiratoire tels que la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ou l’asthme, ces patients ayant mis en place les gestes barrières et même, pour certains, s’étant autoconfinés précocement. »

On voit des patients symptomatiques – dyspnée, fatigue, etc. – plusieurs semaines après l’infection alors que l’atteinte virale était bénigne. Ce sont des patients qui souvent désaturent à l’effort sans que l’on sache très bien par quel mécanisme physiopathologique. Enfin, alors que leur scanner n’était pas nécessairement anormal à l’époque, leur imagerie s’est, depuis, dégradée ou ne s’est pas améliorée.

On observe en effet bon nombre d’images en verre dépoli persistantes, ce qui est assez rare dans les infections respiratoires. Pour autant, il ne s’agit pas nécessairement de lésions fixées, un bon nombre de ces clichés s’arrangent avec le temps. Mais d’autres non, ce qui peut faire alors le lit d’une fibrose.

Quels sont les facteurs de risque de développer ces fibroses post-Covid ? Pour l’instant, nul ne le sait. L’analyse de la cohorte devrait permettre d’y répondre. Ces fibroses post-Covid vont d’ailleurs faire l’objet au niveau national d’un programme hospitalier de recherche clinique coordonné par le Pr Bruno Crestani du CHU Bichat (Paris) dans un essai contrôlé versus placebo testant le nintédanib (Ofev), un médicament agréé dans la fibrose idiopathique chez les patients conservant des séquelles.

 

(1) C Andrejak et al. Revue des Maladies Respiratoires, 2020, doi.org/10.1016/j.rmr.2020.05.001
(2) C. Raherison. Revue des Maladies Respiratoires, 2020, doi.org/10.1016/j.rmr.2020.05.005

Pascale Solere

Source : Le Quotidien du médecin