Pour la commission commune du « Lancet » et du « Financial Times » sur la gouvernance de la santé de 2030, l'avenir de la santé nécessitera un changement radical de notre approche des technologies numériques. « La transformation digitale est déjà bien entamée », mais il nous faut modifier « la manière dont nous extrayons les données, principalement motivées par des raisons financières », préviennent-ils, sinon les bénéfices de santé pour tous ne seront pas au rendez-vous.
En premier lieu, le rapport, publié ce 25 octobre dans le « Lancet », estime qu'il faut lutter contre l'illectronisme pour établir une « confiance publique dans les technologies digitales ». Les auteurs du rapport préconisent aussi un nouveau concept : la « solidarité digitale », qui consiste en l’établissement de règles communes de gouvernances des nouvelles technologies sur la base de valeurs publiques que sont l'égalité, l'équité, l'inclusion, la solidarité et les droits humains.
Ces nouvelles réglementations doivent comprendre des mesures de protection de la jeunesse contre les discriminations sexuelles ou raciales véhiculées par les contenus en ligne. La solidarité digitale passe aussi par l'éducation et la sensibilisation des populations dans tous les pays à l'importance de la protection des données et aux droits dont elles disposent.
L'accès aux informations de santé par le digital
Pour la Pr Ilona Kickbusch, du centre de santé globale suisse, « il y a eu beaucoup d'excitation autour de la technologie, mais peu d'intérêt porté sur la question de la gouvernance de ces nouvelles technologies par la société, explique-t-elle. Par exemple : comment protège-t-on les données tout en s'assurant de leur bon usage dans l'intérêt de la santé publique ? »
On estime que deux milliards de jeunes de 25 ans ou moins ne disposent pas d'une connexion à internet avec une discrimination forte en ce qui concerne le genre : dans deux pays sur trois, les hommes ont plus souvent accès à internet que les femmes. Par ailleurs, 38 % des jeunes résidant dans les pays à faible revenu ont accès à internet. Ce phénomène réduit leurs chances de maîtriser les outils digitaux pourtant à même d'améliorer leur accès à des informations de santé indisponibles par d'autres moyens, comme l'indique une consultation auprès de 23 000 enfants et jeunes gens dans 176 pays. Les jeunes rapportent également avoir peur que les nouvelles technologies de l'information ne les rendent physiquement moins actifs.