Ce mardi, les sénateurs voteront en première lecture leur version remaniée du PLFSS 2022, mais plusieurs amendements, adoptés la semaine dernière, font d’ores et déjà polémique.
Un en particulier a mis en colère les futurs médecins généralistes. C’est presque devenu une habitude, à chaque examen de PLFSS on voit refleurir les propositions de régulation à l’installation des médecins : du conventionnement sélectif à la coercition. Les gouvernements successifs s’y sont toujours opposés, mais avec un Sénat à majorité de droite, la proposition de Corinne Imbert, sénatrice LR de Charente-Maritime et rapporteure de la Commission des affaires sociales du Sénat, a bel et bien été entérinée par les sénateurs.
L’amendement propose de conditionner, à partir du 1er novembre 2022, « tout nouveau conventionnement d’un médecin à la réalisation préalable par ce médecin d'un remplacement de médecin ou d'un exercice salarié auprès d'un médecin libéral dans une zone sous-dotée en médecins pendant une durée totale d'au moins six mois ».
En guise d’explication, l’amendement stipule que, comme la plupart des nouveaux médecins débutent leur carrière par des remplacements, cette mesure devrait les inciter à réaliser ces premières expériences dans des zones sous-dotées.
Dangereux et pénalisant pour les patients
L’adoption de cet amendement a particulièrement exaspéré les jeunes et futurs médecins qui tentent depuis plusieurs années de faire de la pédagogie auprès des élus locaux sur l’inutilité des mesures coercitives. Dans un communiqué commun, l’association nationale des étudiants en médecine (Anemf), l’intersyndicale nationale des internes (Isni) et des internes de médecine générale (Isnar-IMG) et le syndicat des remplaçants et jeunes généralistes (ReAGJIR) expliquent qu’ils « s’opposent fermement à cette mesure, prise sans concertation avec les jeunes et futurs médecins, sans distinction de spécialité ».
Ils qualifient cette mesure de « hors-sol » qui « dénote une profonde méconnaissance des difficultés des jeunes professionnels ».
« Choisir la coercition, c’est offrir aux habitants les soins de jeunes professionnels présents contre leur gré, dégoûtés avant l’heure de l’exercice libéral », soulignent-ils. C’est aussi les pousser vers les pays voisins, qui connaissent eux aussi une pénurie médicale, ou encore « livrer certains patients à des tarifs de soins déconventionnés » ou d’autres à « un roulement perpétuel de médecins ».
La parole est à l'Assemblée
Les premiers concernés par ces mesures appellent donc à se concentrer sur d’autres propositions pour résoudre les problèmes de démographie, dont certaines sont déjà mises en place : aides à l’installation, amélioration de la formation, libération de temps médical, valorisation des territoires. « Ces solutions commencent déjà à montrer leurs effets », estiment-ils.
Les jeunes médecins demandent que les mesures pouvant être mises en place soient construites avec eux mais aussi les patients et les autres acteurs de santé. Et ils espèrent que les acteurs publics « ne céderont pas aux solutions de facilité ». Leurs regards seront donc tournés vers les députés pour savoir s’ils reviendront sur cet amendement controversé des sénateurs.
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