Jamais à court d’idées, le Pr Guy Vallancien a adressé, lundi, une lettre aux doyens de faculté de médecine. Après ses remèdes pour supprimer les déserts médicaux en deux ans, le chirurgien propose maintenant à ses « collègues » de réformer radicalement les études de médecine. Une refonte d’autant plus urgente, à ses yeux, que l’enseignement actuel ne prend pas en compte « la poussée accélérée des outils numériques, l’évolution du savoir et des techniques médicales », indispensables aux futurs médecins. Il s’agit pour lui d'« inscrire la formation initiale des carabins dans son siècle ». Et d’en profiter pour réduire le temps de formation, Guy Vallancien réfutant l’idée que « dix à quatorze ans pour former un bon médecin ou un chirurgien habile » soient indispensables.
Ce texte publié sur le site de Génération libre, think-tank libéral, entend répondre à une question : « de quels professionnels le pays aura-t-il besoin en matière sanitaire » ? Assurément de médecins généralistes, précise Guy Vallancien, pour qui désormais l’acronyme MG désignera « médecins globaux ». Mais, à en croire l’auteur de La médecine sans médecin ?, leur rôle sera nettement différent de celui d’aujourd’hui, « médecin(s) intégrateur(s) des données issues des autres corps de métiers », ils seront « médecin(s) de l’âme et la société autant que du corps ».
Pour accompagner cette évolution du rôle des médecins, la réforme des études suggérée par Guy Vallancien commence dès la 1ère année d’étude. Avant même d’intégrer le cursus universitaire, il devrait y avoir une sélection, manière non seulement d’ « éviter le massacre des 50 000 collés et reçus collés (…) sur les 58 500 qui se sont présentés en 2014 » mais également de faire des économies, réorientées vers des « étudiants sans moyens financiers suffisants ». Toutes les filières du baccalauréat seraient concernées par cette étape, y compris les bacs pros. « Celles et ceux qui auront obtenu les meilleures notes au bac dans chacune des filières seront éligibles à l’entrée en première année », précise Guy Vallancien qui n’exclut pas l’organisation « d’un oral d’orientation ». Au menu de la première année : des enseignements scientifiques mais aussi « les sciences informatiques, la psychologie, l’art de la communication »…
Les objets connectés arrivent au programme des deuxième et troisième années. « Les grandes causes de mortalité seront analysées, la prévention et la prédiction seront enseignées », poursuit Guy Vallancien qui prône une optimisation de l’apprentissage via « l’expérience virtuelle ». De façon plus classique, il propose que les « stages concrets » commencent dès ce stade universitaire. Il faut « apprendre aux médecins la médecine de terrain », plaide-t-il. Autant d’expériences qui doivent passer davantage par l’ambulatoire. Et l'auteur de la lettre ouverte de trouver que l’actuelle « pusillanimité des universités sur la reconnaissance des équipes libérales qui exercent notamment dans les maisons de santé et les cliniques est stupéfiante, voire politiquement orientée ».
Viendra ensuite l’entrée en mastère, étape où les étudiants choisiront leur spécialité. « Il n’y a pas besoin d’attendre 6 ans pour s’orienter », affirme le médecin. Selon lui, il est essentiel d’avoir des cursus qui répondent aux enjeux de chaque spécialité et ainsi que « les généralistes soient formés à ce qu’ils font, en première ligne ». Exit les ECN, place aux « notes d’évaluation par QCM sur les deux dernières années de licence, région par région ». Et à d’inédites spécialités : « médecine globale », spécialités médicales, chirurgie, psychiatrie, santé publique, recherche et industrie ».
Cette maquette restaurée des études de médecine se finirait par « un doctorat de trois ans avec des responsabilités d’internes ». Lors de cette dernière étape, différents enseignements seront assurés, à l’instar d’une formation juridique et d’une autre comptable. L'ensemble aboutirait sans doute à un cursus resserré. Et alors ? Pour Guy Valancien, « faire croire qu’il faille dix à quatorze ans pour former un bon médecin ou un chirurgien habile est une erreur dispendieuse ».
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