Après les urgences adultes, la médecine ambulatoire, la gynéco et la pédiatrie, j’ai opté pour un semestre de stage en psychiatrie. Pourquoi ? Mes six mois en cabinet de ville m’ont fait réaliser l’étendue des maladies psychiatriques... du syndrome dépressif aux troubles du comportement alimentaire, en passant par les troubles psychotiques ou en lien avec l’addictologie. Avec, pour chacune, une prise en charge spécifique. J’ai souhaité m’y familiariser, mais aussi mieux comprendre le parcours de soins en psychiatrie. Combien de fois en cabinet ai-je dit : « Vous prendrez rendez-vous au centre médico-psychologique (CMP) » , sans en avoir jamais vu un seul.
J’ai découvert les multiples facettes de cette spécialité. J’ai vu les patients en unité fermée, au CMP, en clinique pour troubles anxio-dépressifs mais aussi aux urgences psychiatriques.
Ce stage m’a donc permis de mieux connaître les thérapeutiques mais aussi d’améliorer mon approche de la psychiatrie, ma manière d’appréhender certaines situations et d’entamer la discussion avec les patients. Cela me sera bien utile dans ma pratique future.
Mais j’en tire surtout une grande leçon. J’ai été stigmatisant vis-à-vis de beaucoup de patients et je le regrette. Combien de fois aux urgences, me suis-je dit, à l’arrivée de certaines personnes, au vu de leurs antécédents, « C’est un patient psy », négligeant leurs plaintes et leurs souffrances. Et passant peut-être à côté de pathologies somatiques graves. Certes, les urgences nous pressent tellement à force d’être bondées qu’on y perd parfois patience. Cela n’excuse pas les préjugés, avant même d’avoir écouté ou examiné le patient. En psychiatrie, où j’ai pu prendre un peu plus de temps, j’ai été confronté à des plaintes liées à des douleurs. à certains patients, on avait collé l’étiquette « il simule ». L’un d’eux se plaignait d’avoir très mal au ventre. Une infirmière était persuadée qu’il somatisait. Je ne le sentais pas, je l’ai envoyé aux urgences... et il a été hospitalisé pour une occlusion.
Ce cas et d’autres m’ont marqué et servi d’enseignement. Il ne faut pas systématiquement rattacher les plaintes somatiques d’un patient à sa pathologie psychiatrique.
En janvier 2018, la ministre de la Santé Agnès Buzyn évoquait l’idée de rendre obligatoire un stage de trois à six mois en psychiatrie pour tous les futurs généralistes. Je ne suis pas partisan des obligations. Six mois peuvent être longs si l’on ne désire pas y aller. Néanmoins, un stage est très utile pour appréhender cette spécialité. Alors, pourquoi ne pas inciter les jeunes internes à la découvrir en créant des semestres couplant trois mois en psychiatrie à la même durée dans une autre spécialité ?
Ce stage n’a pas éveillé de passion chez moi pour la psychiatrie, mais je ne le regretterai pas. Il m’a appris beaucoup de choses, ouvert l’esprit et fait gagner en expérience.
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