Les aventures d'Antigone

La kinésithérapie et la médecine générale

Publié le 19/03/2022

En février, mes aventures m’ont menée à Tours, au Congrès international francophone pour les étudiants en physiothérapie et kinésithérapie (CIFEPK).

Initialement, j’ai été invitée à parler de mes recherches sur les discriminations en santé, et notamment sur le syndrome méditerranéen. J’ai eu la chance de souvent travailler avec la Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie (FNEK), et ce congrès a confirmé ce que je pensais : la kinésithérapie est une profession dynamique, avec un champ de recherche varié, aussi bien sur les questions physiques que sociales.

J’ai pu assister à des conférences sur la prise en charge de la BPCO et le sevrage tabagique, ainsi que sur la scoliose idiopathique ; deux pathologies récurrentes en consultation de médecine générale et, pourtant, lors de nos études, aucun kiné n’est venu nous présenter leur prise en charge !

Par ailleurs, les kinés seront bientôt habilités à prendre en charge en première intention les patient•es souffrant de lombalgies et traumatisme de cheville (selon les critères d’Ottawa), ce qui n’est pas très bien accepté par la communauté médicale. Cette absence de confiance est difficilement acceptée par les kinés, qui me charriaient gentiment sur les ordonnances parfois douteuses qu’ils reçoivent. Et je dois admettre qu’ils ont raison : le modèle d’ordonnance que j’ai appris dans ma collégiale d’orthopédie est déjà dépassé. Nous ne sommes pas censés spécifier le nombre de séances, ni préciser les moyens thérapeutiques à utiliser : les kinés se retrouvent en porte-à-faux devant les patient•es quand le médecin marque « massage » alors que la rééducation passe avant tout par des exercices. Afin de permettre une bonne adhésion au traitement, il est indispensable que médecins et kinés aient un discours commun. Mais comment faire si nous n’avons qu’une vague idée de ce que les kinés font ?

J’ai également assisté à des conférences sur la santé mentale, la prise en charge en kinésithérapie de patient•es présentant des pathologies psychiatriques telles que la schizophrénie, les troubles du comportement alimentaire et les épisodes dépressifs. Il y avait aussi une conférence sur la kinési­thérapie en milieu carcéral, et l’accès aux patient•es, notamment via le toucher. Cette conférence rejoignait celle concernant les victimes de violences. En effet, le toucher peut être parfois compliqué pour certain•es patient•es et nous devons nous adapter : trouver des méthodes, des interfaces entre nos mains et leur peau, y aller progressivement, passer par une nouvelle conscience du corps…

J’ai choisi ces conférences car ces sujets me parlent, mais un choix très varié était proposé, avec des thèmes parfois trop poussés pour moi, tels que l’épaule gelée ou encore la prise en charge des ligaments croisés chez le sportif, sujet qui peut être intéressant pour un futur médecin du sport.

Cette expérience m’a permis d’avoir une idée plus concrète, et surtout plus vraie, du champ d’intervention des kinésithérapeutes : une prise en charge interprofessionnelle s’avère prometteuse et passionnante ! J’ai énormément appris lors de ce congrès, qui s’est avéré très pertinent pour ma future pratique de généraliste. L’idée d’y créer un parcours à destination des internes de médecine générale afin de mieux connaître le travail des kinés commence à germer dans ma petite tête… À voir où cela va mener !

Myriam Dergham est interne de médecine générale à Saint-Étienne


Source : lequotidiendumedecin.fr