Depuis plusieurs mois, l'avenir du Centre national d'appui (CNA) – crée en 2019 pour prévenir les risques psychosociaux chez les internes –, était en suspens…
Fin mars, à l’occasion de la conférence sur les risques psychosociaux des étudiants en santé, Frédérique Vidal avait annoncé sa « nécessaire évolution » sans plus de précisions.
Fin mai, la lettre de mission du Dr Donata Marra, la présidente du CNA, n'avait pas été renouvelée jetant le trouble et la confusion parmi les syndicats d'internes.
« Le ministère a coupé sa messagerie sans même la prévenir et alors qu'elle recevait encore de nombreuses sollicitations d'étudiants en très grande difficulté », raconte Léo Sillion, le vice-président de l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI).
Les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur comme pilotes du CNA
Mais après plusieurs mois, le voile est désormais levé. Dans un communiqué de presse du 16 septembre, les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur affichent leur volonté « d'assurer la pérennité des missions du CNA », de les « formaliser et les faire évoluer » en les « faisant porter par une équipe dédiée et intégrée dans les administrations centrales des deux ministères ».
« Les missions du CNA s’inscriront désormais notamment dans le cadre du plan national d’action contre les violences sexistes et sexuelles de l’enseignement supérieur et seront assurées par les deux directions générales (DGESIP pour le ministère de l'Enseignement supérieur et DGOS pour le ministère de la Santé). Ces deux directions ensemble sont à même de prendre en compte les spécificités des étudiants en santé, futurs soignants », peut-on ainsi lire dans le communiqué.
Pour ce faire, les deux directions générales indiquent vouloir mettre en place « une équipe dédiée placée au sein de la sous-direction en charge de la réussite et de la vie étudiante de la DGESIP ». Concrètement, cette équipe sera placée au sein d'un département dédié à la qualité de vie de l'ensemble des étudiants français et ne sera pas réservée aux étudiants en santé.
Les syndicats d'internes divisés sur l'évolution du CNA
Mais pour Léo Sillon, vice-président de l'ISNI, cette nouvelle configuration ne prend pas suffisamment en compte la singularité de la situation des étudiants en médecine.
« Évidemment tous les étudiants ont besoin d'être aidés. Notre message a toujours été de dire que si nous trouvions des solutions durables pour prévenir la détresse des étudiants en santé, il était nécessaire de l'étendre à tous les autres. Malheureusement, nous pouvons démontrer chiffres, études et preuves à l'appui que les étudiants en médecine ont un surrisque majeur (trois fois plus important que la population générale du même âge) de mal-être, de suicides et autres événements tragiques », souligne-t-il.
Déplorant par ailleurs l'insuffisance de moyens accordés au CNA pour qu'il fonctionne, l'interne de médecine juge regrettable sa transformation : « en 2017, cette structure nous a paru être un embryon de réponse aux problèmes des risques psychosociaux des internes. Malheureusement, il n'y a jamais eu de réels moyens derrière. Les 15 engagements ministériels pris à l'occasion de sa création n'ont jamais été tenus ! ».
Il poursuit : « Aujourd'hui cette transformation ressemble à un retour en arrière, il n'y a toujours pas de solution concrète, toujours pas de moyen... Les missions de prévention notamment pour former les professeurs de facultés de médecine ne seront plus confiées à des psychiatres ou à des gens du monde de la santé mais à des administratifs de la DGOS ou de la DGESIP. Ce sont des missions qui ne relèvent pourtant pas de leurs compétences ! »
Au contraire, pour la présidente de l'ISNAR-IMG (Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale), Mathilde Renker, cette transformation va dans le bon sens : « nous sommes satisfaits de cette évolution. Cela nous semblait essentiel de permettre une prise en charge de l'ensemble des étudiants notamment après la période Covid qui nous a tous impactés. D'autant plus que dans cette nouvelle structure, les étudiants en santé auront toujours une petite spécificité. Et le fait que ce soit co-piloté par les deux ministères est très encourageant, cela veut dire qu'il y a aura de réels moyens engagés ! »
La présidente du syndicat temporise toutefois : « nous serons évidemment attentifs à l'application pratique de toutes ces annonces. Une partie importante du travail de cette structure concerna la prévention des violences sexuelles et sexistes. C'est une très bonne chose que cette problématique soit mise en avant. Toutefois nous veillerons à rappeler que les violences sont multiples et qu'il existe des risques psychosociaux beaucoup plus larges (discrimination, harcèlement, etc.) ! »
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