Killian L’helgouarc'h, un Breton interne en médecine générale à la tête de l'Isni

Sur son compte Twitter, il se présente comme un « Breton parti faire son internat de médecine générale sous le soleil montpelliérain ». Killian L’helgouarc'h, 27 ans, est devenu, dimanche 8 septembre, le 56^e président de l’Intersyndicale nationale des internes (Isni) et le troisième interne de médecine générale à occuper ce poste.

Pour ce jeune Breton de 27 ans originaire de Plonévez-Porzay (Finistère), cette nomination est l’aboutissement de plusieurs années d’engagement dans le milieu associatif et syndical.

« Mes différentes expériences durant mon externat, en tant que tuteur à Brest ou trésorier à l’Anemf (Association nationale des étudiants en médecine de France), et plus récemment en tant que président du Syndicat des internes du Languedoc-Roussillon (SILR), m’ont beaucoup appris et m’ont donné confiance. Je me suis dit que c’était le moment ou jamais de me présenter à la présidence de l’Isni », confie le jeune généraliste.

La 4^e année de médecine générale dans le viseur

Pendant son mandat d’un an à la tête de l’Isni, Killian L’helgouarc'h, également formé à la médecine polyvalente, a décidé de mettre ses études entre parenthèses. « J’ai soutenu ma thèse [sur le parcours des patients atteints de maladie rénale chronique, NDLR] le 4 juillet. Je voulais passer tous mes examens avant de me consacrer pleinement à mes fonctions. Je compte d’ailleurs déménager à Paris pour être disponible un maximum la semaine pour mes différents rendez-vous, tout en gardant un pied à Montpellier le week-end », fait-il savoir.

Dans le contexte politique particulièrement instable de cette rentrée, le jeune syndicaliste sait qu'il devra rester vigilant sur tous les dossiers concernant les internes. « Comme tous les Français, j'attends de voir qui sera nommé ministre de la Santé. À partir de là, nous pourrons évaluer les propositions des différentes forces politiques. » Une chose est certaine, l'interne est déterminé à s'opposer à toute forme de coercition. « C'est un refrain qui revient chaque année, mais cela n'a jamais été la solution. Quelles que soient les mesures coercitives proposées, nous les rejetterons catégoriquement ! » prévient-il.

La 4^e année de médecine générale, dossier brûlant du moment, sera aussi un dossier prioritaire de Killian L’helgouarc'h. « Mon côté généraliste me permettra d’être particulièrement vigilant. Ma priorité va être de garantir aux générations futures une année de formation de qualité. Je veux m’assurer que les futurs docteurs juniors ne soient pas envoyés dans des déserts médicaux juste pour pallier le manque de médecins comme certains politiques l’envisagent. » Les modalités d’application de cette 4^e année, comme la rémunération et l’encadrement des stages, seront évidemment des points d’attention de l’interne. « Nous sommes toujours en attente de certains textes, déplore-t-il. Il va pourtant falloir que ça avance !  »

Respect du temps de travail, lutte contre les VSS, logement

Dans la continuité du précédent mandat, Killian L’helgouarc'h, affiche également une tolérance zéro vis-à-vis de toutes formes de violences. « Qu’il s’agisse de violence au travail ou de violence sexiste et sexuelle (VSS), l’Isni sera là pour écouter et soutenir les internes dans d’éventuelles démarches juridiques, la honte doit changer de camp », prévient-il.

Parmi les autres priorités de son mandat figurent la majoration des astreintes, le logement des internes ou encore le respect du temps de travail. « Sur ce dernier sujet, nous allons suivre de près les procédures administratives et les médiations en cours à l’encontre des CHU qui ne respectent pas la loi », indique-t-il.

Pour mener à bien sa mission d’un an, le généraliste peut en tout cas compter sur le soutien de son prédécesseur, Guillaume Bailly. « Je suis très heureux que le syndicat soit pilotée par un généraliste, cela contribue à valoriser la spécialité, fait valoir Guillaume Bailly, interne en cardiologie. Killian a un vrai sens de l’écoute, c’est quelqu’un qui a beaucoup de sang-froid et il saura, j’en suis sûr, défendre au mieux l’intérêt des généralistes, des néphrologues, des chirurgiens, etc. »

Après son mandat, Killian L’helgouarc'h reprendra sa formation de médecin généraliste là où il l’a arrêtée. « Il me restera une année à faire. Ensuite j’envisage éventuellement de m’installer dans ma Bretagne natale ou peut-être en Lozère ou dans le Gard, je n’ai pas encore décidé, confie-t-il. Mais ça sera en tout cas un exercice mixte en milieu rural. »