Après de longues semaines d’attente (de simulations et de tours à blanc), les quelque 7 600 néo-internes ayant passé le nouveau concours de l’internat cette année devaient enfin connaître leur affectation ce mardi 10 septembre à 10 heures. C’était du moins la promesse du Centre national de gestion (CNG), chargé de superviser la procédure nationale d’appariement des futurs internes.
Les résultats décalés de trois jours
Mais à la suite de dysfonctionnements informatiques survenus vendredi 6 septembre au moment de la saisie des vœux définitifs, le CNG a dû, sans tarder, mettre le site en maintenance. « La phase définitive initialement débutée le 6 septembre à 18 heures est totalement réinitialisée (remise à 0) et tous les vœux émis ou modifiés dans cette phase depuis vendredi soir sont annulés », lit-on dans un mail de l’administration adressé aux étudiants lundi.
Conséquence, la phase définitive d’appariement pour la saisie des choix finaux, qui devait débuter vendredi à 18 heures, a dû être reportée. Elle a finalement commencé ce mardi, à 10 heures, et se terminera jeudi 12 septembre avant minuit. Les résultats définitifs seront communiqués avec trois jours de retard, le vendredi 13 septembre à partir de 13 heures. « Des tours complémentaires seront organisés du lundi 16 au mercredi 18 août », fait ainsi savoir le CNG dans son mail.
Les étudiants au bord de l’explosion
Pour de nombreux étudiants de sixième année ayant inauguré le nouveau concours de l’internat et ses déconvenues au cours des différentes étapes de l’année (manque de préparation des facultés pour les Ecos blancs, algorithme peu favorable aux couples), cet incident n’est ni plus ni moins « la goutte d’eau » voire « le coup de grâce ».
« Après 12 tours de simulation, ça décale les résultats de 3 jours ! On sait jamais, au cas où on n’était pas déjà détruit psychologiquement. C’est le coup de grâce. Le 13e tour qui sort le vendredi 13 à 13 heures, ils sont rigolos. Hahaha. (Force aux copains D4 on est ensemble) », lit-on sur Twitter dans un post publié par Élisa, future interne.
Clara, externe à Paris, déplore à son tour : « Après une réforme de l’internat bâclée, de nombreux postes supprimés de manière injuste contraignant des étudiants bien classés à prendre une spé par dépit (…) Le CNG n’est même pas fichu de faire fonctionner leur site ni même de s’excuser. »
N’ayant pas perdu leur sens de l’humour, certains audacieux sont même allés jusqu’à détourner l’affiche du film de Roschdy Zem, inspiré de la célèbre affaire judiciaire sur le meurtre de Ghislaine Marchal, en remplaçant « Omar m’a tuer » par « CNG m’a tuer ».
Bien que cet incident puisse, de prime abord, sembler anecdotique, il met en lumière la souffrance et la profonde détresse de nombreux étudiants face au système de formation français. « Vous savez, le pire, c’est que tout le monde s’en fout… On souffre en permanence, et personne ne nous défend, personne n’en parle. Les gens ne sont même pas au courant. Tu es juste là tout seul, à avaler des médocs depuis des années pour faire ce métier qui était une vocation à la base », partage ainsi Valentine, externe à Toulouse, sur Twitter.
Surcharge du système
Après plusieurs heures d’investigations, le CNG a finalement pu faire la lumière sur les circonstances de l’incident. « Les informaticiens ont découvert que le problème était dû à une surcharge du système lors du passage de la phase de simulation à la phase finale de saisie des vœux, indique Philippe Touzy, chef du département concours du CNG. Après la clôture de la simulation, la phase finale a été réouverte trop rapidement avant que la copie ne soit terminée. Cela a causé un mélange entre les anciens et les nouveaux vœux, perturbant l'ensemble des soumissions et créant des interférences sur la plateforme. »
Au total, 240 étudiants ont été concernés par ces bugs. « On comprend le stress que cela a induit pour les étudiants, nous savons que les enjeux sont fondamentaux pour eux. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous n’avons pas hésité à annuler la phase d’appariement définitive. Il était hors de question qu’ils fassent leur choix sur une base mouvante et insuffisamment fiable », ajoute Philippe Touzy. Le CNG se veut désormais rassurant. « Tout se passe normalement. Nous restons en veille permanente et nous surveillons la situation avec la plus grande attention. »
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