Objets d’innovation, d’enjeux économiques et médicaux, les logiciels d'aide à la prescription (Lap) permettent de diminuer les erreurs médicamenteuses, de faciliter la prescription, d’éviter les effets iatrogènes, de penser générique, d’identifier la compatibilité des médicaments, de favoriser une prescription explicite, lisible... et de gagner du temps.
Marquage CE obligatoire
Les Lap font partie des logiciels métiers utiles et nécessaires aux médecins. Ils portent aussi la casquette de dispositif médical. S’ils ne méritent la certification HAS que sur la base du volontariat depuis la décision du Conseil d’État*, ils gardent cependant l’obligation du marquage CE qui traduit leur conformité aux exigences applicables en Europe et leur évaluation selon les procédures.
Le marquage a pour objectif de participer à l’élaboration des pratiques, de garantir la conformité en termes de sécurité et de faciliter le travail du prescripteur.
Certifiés par la HAS
Les logiciels pour le médecin généraliste sont donc certifiés "logiciels d'aide à la prescription (LAP) pour la médecine ambulatoire" par la Haute Autorité de la santé (HAS).
Du fait des exigences antérieures à la délibération du Conseil d’État de 2017, « 77 logiciels disposent aujourd'hui de l'agrément, qui traite essentiellement de la prescription médicamenteuse et aborde des questions comme le mode de choix des médicaments (à partir de la dénomination commune, du nom de marque…), les alertes de contre-indication et d’interaction et la disponibilité d'informations sur le médicament », précise la HAS sur son site.
Le Lap plébiscité
Selon une étude de 2014**, les logiciels d’aide à la prescription étaient déjà utilisés par 70 % des médecins informatisés . Aujourd’hui l’utilisation de ces outils est incontournable sans être obligatoire et les médecins les plébiscitent, même si la notion de liberté de prescription du médecin libéral tend à être écornée. On dira qu’elle a évolué vers une canalisation et une homogénéisation des processus de prescription : les Lap libèrent de l’énergie intellectuelle au profit du temps médical. Dans leur grande majorité, les professionnels les considèrent comme des appuis techniques précieux.
Que choisir ?
Avant d’investir dans un logiciel médical, la priorité est de s’assurer du marquage CE du Lap. Ensuite les questions à se poser concernent la personnalisation, la formation, l’appui logistique, le prix de la licence et la qualité des mises à jour.
Concernant le coût, la plupart des éditeurs incluent le Lap à fonction prescription dans des forfaits globaux SESAM, Gestion agenda, Dossier patient. Il faut alors compter un minimum d’une cinquantaine d’euros pour un abonnement global par mois d’entrée de jeu avec des promotions pour les « jeunes médecins ».
Quoi qu’il en soit les jeunes qui s’installent ne sont pas des bleus en matière de rapport aux nouvelles technologies. Par ailleurs, ils ont déjà eu un premier contact en fin de parcours étudiant avec les logiciels d’aide à la prescription hospitalier. « Leur approche d’utilisation est naturelle », confirme le Dr Yannick Schmitt, président du Regroupement autonome des jeunes généralistes installés et remplaçants (REAGJIR). « Quant au caractère directif de santé publique de ces logiciels, il me semble logique que l’État pousse à une optimisation du système » !
L’idée est de maîtriser cet outil et de le mettre au service de sa pratique comme moyen d’analyse des prescriptions, comme signal de sécurité, comme message d’information ou encore comme conseil professionnel.
* Par un arrêt en date du 7 décembre 2017, la Cour de Justice de l’Union Européenne a conclu que les logiciels d’aide à la prescription constituaient des dispositifs médicaux au sens du droit de l’UE. Cette décision devrait mettre fin à l’obligation de certification de ces logiciels par la Haute Autorité de Santé française (HAS), en plus du « marquage CE ».
** Enquête auprès de 350 médecins généralistes en France réalisée dans le cadre de la thèse en médecine de Patrick Bray, soutenue le 11 septembre 2014 à Lille, intitulée : L'informatisation du cabinet du médecin généraliste : est-ce que toutes les possibilités du logiciel métier et des autres technologies de l'information et de la communication sont exploitées ?
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