Les tutorats – structures institutionnelles, associatives ou corporatistes – proposent un accompagnement aux étudiants PACES tout au long de l'année pour surmonter les obstacles du concours. L'agrément tutorat a été créé en 2010 afin de les récompenser de leurs efforts et de reconnaître leur expertise.
Environ 4 000 étudiants de seconde ou troisième année d'études de santé (médecine, pharmacie, maïeutique, odontologie et kinésithérapie) sont engagés dans ces tutorats et incarnent le compagnonnage médical. Si, initialement, leurs missions se résumaient à donner des conseils sur la méthodologie de travail et entraîner les jeunes au concours, leur rôle s'est élargi. Ainsi, entre les concours blancs, les polycopiés ou les ronéos (groupe d'étudiants qui prend en note le cours à tour de rôle), les tutorats ont redoublé d'imagination pour innover et améliorer cette année si éprouvante.
Pour partager ces nouveautés, les associations de carabins se réunissent tous les ans. En fonction de divers critères (organisation interne du tutorat, contenu pédagogique, implication sur la thématique du bien être, réorientation) ils reçoivent ainsi un agrément témoignant du chemin parcouru. Pour la troisième année consécutive, la cérémonie « des césars des tutorats », comme la qualifient certains jeunes, s'est déroulée au ministère de l'Enseignement supérieur, un signal fort de reconnaissance.
Apprentissage 3D et salles immersives
Pour cette édition, les associations constatent que les nouvelles technologies et le numérique se sont imposés dans la pédagogie. Plusieurs dispositifs sont recensés comme Socrative, une appli web qui permet de proposer aux élèves des quiz à interaction immédiate, les flashcards (cartes de questions-réponses numériques), la plateforme nationale gratuite d'entraînement Tutorat santé ou encore l'utilisation ciblée des réseaux sociaux Snapchat et Instagram.
Le tutorat santé de Caen a été encore plus loin en proposant une table tactile pour explorer l’anatomie humaine grandeur nature. Cet outil permet à des étudiants par groupes de dix de travailler ensemble l'anatomie sur une application « Visible Body », véritable atlas du corps en 3D. « Elle permet de visualiser tous les éléments artériels, veineux, musculaires », s'enthousiasme l'équipe du tutorat. Un système de rotation et de zoom permet aux étudiants en PACES de voir les organes avec précision.
À Bordeaux, l'innovation pédagogique s'illustre dans un autre registre. Le tutorat a créé des salles immersives pour répondre à l'afflux d'étudiants répartis entre Bordeaux, Pau, Dax et Agen. La faculté prête plusieurs pièces équipées (écran, caméra, tableau tactile pour réaliser des schémas ou équations) et les tuteurs assurent leurs cours à distance. « Les autres salles sur les différents sites sont également équipées de caméra et de micros, ce qui permet l'interaction avec le tuteur, précise l'équipe. Les tutorés ne sont plus obligés de se déplacer ».
L'exigence expliquée aux parents
D'autres initiatives s'appliquent dans le champ du bien être. À Nantes, le tutorat a mis sur pied le « Tutoparent », atelier où d'anciens parents et étudiants en PACES témoignent auprès de parents de carabins en cours de formation. Une enquête montre que 17 % des jeunes en PACES jugent que leurs parents ne comprennent rien à l'exigence très particulière de cette première année commune. « Ils posent des questions, on déconstruit des clichés, c'est une réunion de deux heures pour comprendre l'état d'esprit de son enfant et l'aider au mieux », résume l'équipe.
À Rouen, les carabins ont monté un projet de terrain : une initiation aux soins d'urgence afin de mettre « de la pratique dans la théorie ». Trois mois de préparation ont été nécessaires avec le SAMU et le centre d'enseignement des soins d'urgences (CESU 76) pour former les 30 tuteurs afin qu'ils transmettent leurs connaissances aux tutorés. Quelque 800 PACES et 100 étudiants de la licence « sciences pour la santé » ont participé à ces ateliers au Havre et à Rouen. « 98 % d'entre eux étaient re-motivés après pour la PACES », assure l'équipe. Elle espère exporter la démarche dans les autres facultés.
À la lumière de ces initiatives très utiles, les tutorats estiment avoir gagné leurs galons au sein des études de santé. Mais ils se demandent à quelle sauce ils seront mangés avec la réforme du premier cycle attendu dès 2020. Le Pr Isabelle Richard, conseillère santé auprès de Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, assure que les tutorats ne disparaîtront pas. « Ils seront élargis à l'ensemble des premières années universitaires mais aussi développés verticalement entre les années d'études car il n'y a pas qu'en PACES qu'il y a un besoin ».
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