Le plan santé de Macron comprend 54 propositions. Il prévoit en particulier la réforme des études avec la fin de la PACES et la suppression de l’ECNi et la réforme de l’hôpital. La conférence des Doyens de médecine et le Professeur Saint-André (Un anapath… !) se sont penchés sur cette réforme, mais tout reste dans le flou avec la Licence santé et le portail santé.
Les cliniciens sont trop minoritaires au conseil des universités pour se faire entendre. Nombre d’universitaires de sciences « fondamentales » ont peur de perdre leur chaire si on limitait à l’essentiel les matières de la licence lors des trois premières années.
Question sur le numerus clausus
Le numerus clausus ne pourrait changer la donne sur la pénurie de médecins généralistes que si on raccourcissait dans le même temps la durée des études de médecine générale, sinon il faudra attendre 10 à 12 ans pour en voir les effets.
Plusieurs questions se posent : l’entrée en faculté restera-t-elle libre ? Les filières du bac scientifique seront-elles revues ? Comment se fera ensuite la sélection ? Oral, entretiens, épreuves partielles ? Une sélection sera toujours nécessaire, car chaque année entrent en faculté de médecine près de 60 000 candidats.
Quelles mesures accompagneront la suppression du Numerus Clausus prévue pour 2022 ? Chaque faculté régionale choisirait le nombre d’étudiants. Les matières du tronc commun de la « licence » restent trop théoriques. La biochimie a-t-elle un intérêt pour un futur chirurgien ? Trois ans de sciences fondamentales c’est trop long. Les stagiaires apprenaient la sémiologie et la clinique beaucoup plus tôt grâce à la préparation du concours de l’Externat ! Dès le premier stage, on apprenait à lire un ECG, à faire le diagnostic d’un gros foie ou d’un épanchement et à ausculter le cœur. Les externes savaient faire un diagnostic lire une radio faire un plâtre et suturer.
Quid des second et troisième cycles ?
Concernant le deuxième cycle, les effectifs d'étudiants en 2e et 3e de médecine, dentaire, pharmacie et maïeutique (sage-femme) seront « déterminés par les universités ». La découverte des territoires est primordiale pour une future installation en médecine générale. Pour cela, des stages en ambulatoire au sein de maisons de santé pluridisciplinaires ou en clinique sont la solution.
Il faudrait créer des écoles de médecine générale et de soins ambulatoires en orientant les 2/3 des étudiants vers ces filières et les former avec un cycle raccourci de deux ans au lieu de quatre. Lors de l’Externat et de l’Internat de médecine générale, 8 à 10 stages de 6 mois permettraient de former des milliers de médecins généralistes supplémentaires en quelques années pour résoudre la désertification. Le principal obstacle est celui des jeunes médecins qui, séquelle de Mai 68, veulent tous être «spécialistes». Ils réclament même le clinicat…
Le Syndicat national des jeunes généralistes (SNJMG) se montre pourtant des plus réservés sur cette logique réformatrice. Nos jeunes médecins les « Docteurs juniors » se sentent malmenés. Ils sont menacés par le burn-out comme en témoigne le suicide des plus fragiles ! Ils craignent pour leur avenir ce qui est un comble pour de tels métiers !
Les 2/3 des étudiants devront être réorientés, mais sur quels critères ? Deviendront-ils des diplômés para médicaux, des assistants ou des techniciens de santé, des infirmiers de l’avant, des practitionners, voire des officiers de santé ?
Les « internes » mal préparés à prendre leurs fonctions sont convaincus que l’internat doit être prolongé. C’est une faute ! Le Président de la conférence des Doyens Jean Sibilia que j’ai rencontré en a pris conscience… mais quelles sont ses marges de manœuvre ? La santé est en effet « cadrée » par des conseillers et des énarques des plus difficiles à convaincre, car trop dogmatiques. Ils sont contre la médecine libérale.
Des études d’une durée de 10 à 12 ans pour former un médecin généraliste c’est trop long ! L’internat de MG est en effet passé de un à trois ans et ce sera bientôt quatre ans. L’internat vient d’être sacrifié sur l’autel du LMD et des normes européennes.
Il me semble évident que la raison profonde de ces décisions est en filigrane le souhait de garder le plus longtemps possible à l’hôpital ces mercenaires peu coûteux pour « faire marcher » les services.
Les médecins ne réagissent plus car, de trahisons en trahisons, ils semblent résignés. Mais attention au tsunami !
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