Les Erasmus, ces semestres passés à étudier ou réaliser un stage à l'étranger au cours des études, ne sont pas monnaie courante en médecine !
La Conférence des doyens veut changer la donne, et vite. Début juin, elle a soutenu un amendement au projet de loi de santé (adopté par le Sénat) pour encourager les carabins du premier et second cycle à participer à des échanges internationaux.
Actuellement, très peu d'étudiants tentent l'aventure. « Entre 10 à 15 % des carabins effectuent une mobilité à l'étranger au cours de leur second cycle, mais il n'y a pas de chiffres exacts », commente Anatole Le Guillou, vice-président de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), en charge des études médicales.
Selon les dernières données de l'agence Erasmus +, opératrice de ce dispositif, le nombre d'étudiants en santé (dentiste, médecine, pharmacie, infirmier, sage-femme ou aide-soignant) sur le départ est faible : 1 290 ont réalisé une mobilité en 2018 sur les 48 266 enregistrées cette même année dans l'enseignement supérieur. Point positif : ils étaient seulement 884 en 2014-2015.
En dehors d'Erasmus, les carabins disposent de leur propre système d'échange : le Scope (Standing committee on professional exchanges) et le Score (Standing committee on research exchanges), deux programmes créés par la Fédération mondiale des associations d'étudiants en médecine (IFMSA) pour réaliser un stage clinique ou de recherche dans une centaine de pays partenaires. L'échange est bilatéral, un étudiant en accueille un autre pour un stage d'une durée de 4 à12 semaines puis inversement, l'étudiant accueilli s'engage à ouvrir ses portes à un étudiant étranger. Cette année, 420 carabins ont réalisé un Scope, majoritairement l'été. 24 facultés sont inscrites au programme. « On essaye de mettre ces systèmes en avant car les coûts sont moindres, l'étudiant est hébergé et accompagné. Les démarches administratives sont gérées par le bureau local de l'ANEMF », précise Anatole Le Guillou.
S'ouvrir l'esprit
Même avec ça, les études de médecine accusent un retard important vis-à-vis des autres disciplines universitaires. Ce décalage est en partie expliqué par les épreuves classantes nationales (ECN) en fin de sixième année. L'agenda et la charge de travail relèguent au second plan les envies d'ailleurs. « C'est un formatage dont il est difficile de s'extraire, souligne le Pr Jean Sibilia, président de la conférence des doyens. Consacrer du temps à l'étranger pour certains étudiants, c'est synonyme de perte de places à l'ECN ». Et même pour ceux qui se lancent, le chemin peut être semé d'embûches. « Les échanges ne sont pas toujours validants car les enseignements ne sont pas les mêmes dans tous les pays. Idem pour les stages. Il arrive que des étudiants passent des modules supplémentaires en rentrant en France pour valider leur année », explique Anatole Le Guillou.
La mobilité à l'étranger représente l'un des enjeux de la réforme du second cycle à venir. Pour l'ANEMF, bouger offre plusieurs avantages comme l'apprentissage d'une nouvelle langue. « L'enseignement de l'anglais est disparate dans nos études. Or, nous savons que nous aurons à soigner des patients étrangers. Les publications scientifiques aussi sont en anglais », ajoute-t-il. Autre atout, et non des moindres : s'ouvrir l'esprit.
Les doyens travaillent aussi dans ce sens. Ils suggèrent que les carabins puissent, s'ils le souhaitent, effectuer une année de césure ou un stage à l'étranger via des « projets dans des ONG » pour développer de nouvelles compétences.
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