L'allongement de 3 à 4 ans du DES de médecine générale est-il renvoyé aux calendes grecques ? Les déclarations de la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal, dans l’entretien exclusif qu'elle a accordé au Généraliste peuvent le laissent penser. « L'ajout d'une quatrième année ne s'impose pas », a-t-elle affirmé. Le sujet fera l'objet d'une concertation avec les internes et les enseignants. La 4e année d'internat ne verra le jour que « si un consensus se dégage sur ce qu'elle apporte », a ajouté la ministre.
Ces déclarations ne sont pas passées inaperçues au Congrès du Collège national des généralistes enseignants (CNGE), qui se tient à Tours jusqu'à vendredi. Plusieurs acteurs de la discipline ont réaffirmé qu'ils tablaient sur l'allongement de l'internat de la spécialité lors d'une plénière consacrée à la maîtrise de stage et intitulée « objectif 12 000 MSU ». Ce chiffre est bel est bien un préalable pour permettre, entre autres, l’allongement d’une année de l’internat de médecine générale. C’est ce qu’a rappelé Lucie Garcin, présidente de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG) : « Les internes de médecine générale sont en faveur de ce DES en 4 ans sous des conditions absolument nécessaires : augmentation du nombre d’enseignants et de maîtres de stage, aujourd'hui insuffisants. » Longtemps opposée à l’idée, l’Isnar-IMG, travaille désormais sur une proposition de maquette en 4 ans. Celle-ci permettrait notamment de réinstaurer un stage libre. « Elle doit être professionnalisante et construite sur le projet professionnel de l’interne », estime Lucie Garcin.
Raccourcir l'externat pour allonger l'internat ?
Le Pr Vincent Renard, président du CNGE, assure lui aussi que le seuil de 12 000 MSU est un minimum pour l’ouverture d’une quatrième année. « On nous reproche de vouloir faire trop long, mais nous qui avons le DES le plus court, nous ne sommes pas opposés à ce que les deux premiers cycles soient raccourcis d’une année », a-t-il avancé, récoltant les applaudissements de la salle. « Peut-être que certaines sciences fondamentales, visant à discriminer les étudiants lors de la Paces et des ECNi n’ont pas d’intérêt dans une visée de formation professionnalisante des futurs médecins », a-t-il souligné.
Antoine Tesnière, qui représentait le ministère de l'Enseignement supérieur, a lui préféré temporiser sur la question. « On ne va pas allonger pour allonger », a-t-il indiqué, ajoutant que la question restait « ouverte », le ministère n'ayant « pas de position dogmatique ».
Colère sur l'absence de moyens pour la filière
Un autre sujet a crispé les généralistes enseignants. Interrogée sur un éventuel rattrapage de la filière universitaire de médecine générale, – avec un ratio d'un enseignant ETP pour 86 étudiants, le plus faible de l'ensemble des spécialités médicales – Frédérique Vidal avait botté en touche. Les généralistes enseignants regrettent l'absence d'engagements sur les moyens accordés à la filière universitaire de la discipline. « La ministre souligne l’importance d’internes bien formés mais pour cela, il faut des moyens et résoudre les dysfonctionnements », confie au Généraliste le Dr Anas Taha, président du Syndicat national des enseignants de médecine générale (Snemg). Le syndicaliste a profité de la plénière pour interpeller Antoine Tesniere notamment sur les difficultés des généralistes enseignants pour accéder aux ressources bibliographiques dans les bibliothèques universitaires, les problèmes de rémunération ou les errements autour du statut de collaborateur. « On nous demande de donner envie aux internes de faire ce métier mais les difficultés de la filière sont aussi une vérité à leur présenter. La ministre dit qu’il ne faut pas prendre les choses sur un plan comptable, je considère que c’est un aveu de désintérêt de sa part pour la médecine générale », conclut-il.
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