TANDIS QUE 60 % des médecins thermaux prendront leur retraite dans les 8 à 10 ans à venir, la profession s’interroge aujourd’hui sur son avenir. La médecine thermale, ce sont près de 800 praticiens, dont 70 % sont généralistes, majoritairement de secteur 1. Près d’un tiers (30 %) sont des femmes, de 54,5 ans de moyenne d’âge, contre 56 ans chez les hommes. S’agissant du renouvellement générationnel en médecine thermale, l’inquiétude se porte davantage du côté des médecins spécialistes, où les remplacements demeurent aujourd’hui plutôt rares. « Chez les généralistes, il y a un certain turn over, car contrairement aux spécialistes qui exercent une activité très majoritairement thermale, les omnipraticiens pratiquent souvent le thermalisme à un degré moindre (entre 40 et 60 % de leur temps d’exercice) », explique le Dr Michel Palmer, président du Syndicat national des stations thermales marines et climatiques de France, autrement connu sous la dénomination de Syndicat national des médecins thermaux.
Formation insuffisante.
Pour le Dr Palmer, le déficit de reconnaissance dont souffre encore aujourd’hui la médecine thermale française trouve son origine dès la formation médicale initiale. Si quelques heures de médecine thermale peuvent être dispensées en 5e année d’étude de médecine, elles ne sont pas toujours très bien suivies par les étudiants. Pour le Dr Palmer, une solution consisterait à intégrer au sein des épreuves nationales classantes (ECN) quelques questions en lien avec le thermalisme. « Les étudiants apprendraient alors mieux leurs cours et seraient davantage sensibilisés à la médecine thermale », estime-t-il en appelant instamment à améliorer la formation spécialisante dans cette discipline. « À ce jour, notre attestation d’hydrologie se déroule sur deux ans. Ouverte aux médecins "thèsés", elle est délivrée par les 6 à 7 facultés dotées d’une chaire en hydrologie. Or, aujourd’hui, il y a de moins en moins d’inscrits », s’alarme le Dr Palmer. « À ce jour, on ne dénombre chaque année pas plus d’une dizaine de praticiens en formation en hydrologie dans toute la France, contre près d’une quarantaine il y a 15 ans », remarque le président du syndicat. Si plusieurs pistes d’évolution de la formation initiale ont été évoquées au sein des universités – DU, DESC, diplôme interuniversitaire – « ce dossier n’avance pas beaucoup », déplore le Dr Palmer. Quant à la formation continue, le Syndicat national des médecins thermaux élabore de son côté des sessions de formation pour les médecins prescripteurs de cures.
Contrats de bonnes pratiques.
Outre la formation, la question de la revalorisation de la médecine thermale est un autre point essentiel pour améliorer l’attractivité de la profession. « Notre rémunération est fondée sur deux sources : le forfait thermal (SHT) de 64 euros et la consultation de surveillance thermale (CST ou contrat de bonnes pratiques) de 10 euros. Aucune revalorisation ne nous a été accordée depuis 2003 », rappelle le Dr Palmer qui réclame une hausse du SHT de « 10 euros ».
Autre cheval de bataille du syndicat, la réintroduction légale des contrats de bonnes pratiques, supprimés par la loi Hôpital, patients, santé, territoires (HPST). Depuis le 1er avril 2010, en effet, les contrats de bonnes pratiques sont suspendus. Dans l’esprit du législateur ces contrats devaient être renégociés avec les Agences régionales de santé (ARS). Or, dans l’attente de l’élaboration de nouveaux contrats, la suspension des anciens génère un vide juridique qui prive actuellement les jeunes médecins thermaux de la possibilité de bénéficier des SHT. Tandis que les caisses d’Assurance-maladie ont décidé de poursuivre les paiements de médecins dans le cadre des contrats de bonne pratique antérieurs au 1er avril, le Dr Palmer attend la réintroduction de ces contrats avec l’examen prochain de la proposition de loi rectificative à la loi HPST, élaborée par le sénateur UMP Jean-Pierre Fourcade.
La rémunération est aussi une préoccupation. Le syndicat souhaite ouvrir des discussions autour de la CCAM clinique dans le but de rebâtir un nouveau forfait thermal en fonction du niveau de consultation. « Nous sommes également en discussion avec la CNAM pour améliorer le contenu du contrat de bonnes pratiques en l’ouvrant au dépistage, la prévention, l’éducation thérapeutique », confie le Dr Palmer. « La plupart des médecins thermaux souhaitent faire davantage que le simple suivi d’une cure thermale », souligne le président du syndicat. « L’avancée dans la profession peut se situer autour du développement du dépistage et de la prévention dans la consultation thermale. Un certain nombre de protocoles ont déjà été mis en place dans des stations », indique le Dr Palmer, qui attend naturellement beaucoup des prochaines négociations conventionnelles pour voir enfin aboutir les revendications de toute une profession.
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