Faut-il instaurer une sélection à l’entrée des études de médecine ? Il s’agit d’une question récurrente, depuis maintenant de nombreuses années. La position des étudiants reste la même : non à la sélection en amont de la première année des études de santé !
Il faut commencer par détailler quelles peuvent être les motivations derrière une sélection des étudiants en médecine dès l’entrée à l’université.
L’actualité appelle à citer en premier lieu la crainte d’une saturation des capacités d’accueil de l’université comme un argument en faveur de la sélection. Or elle constituerait une solution absurde et démesurée tant elle créerait de dommages collatéraux, sur lesquels nous reviendrons.
Un autre argument récurrent est la volonté d’épargner des lycéens -“n’ayant aucune chance en PACES”- du gaspillage humain y ayant lieu. Or, si le gâchis créé par les taux de réussite très faibles de la PACES est un problème réel, ce n’est pas pour autant qu’il faut chercher à identifier a priori les profils ayant le droit - ou non - de tenter leur chance dans les études de santé. Et ce pour deux raisons : d’une part, un nombre non négligeable d’étudiants ne révèle leur potentiel qu’une fois face au défi de la PACES, et d’autre part, il est nécessaire d’œuvrer pour une diversité des profils.
La tentation de l'élitisme
Enfin, le dernier argument, plus ou moins assumé par ses défenseurs, est celui de l’excellence et l’élitisme académique à préserver dans les études de médecine, dont les jeunes générations ont d’ores et déjà pris le contre-pied en témoignant de leur volonté d’avancer unies vers la réussite collective à l’aide d’initiatives comme le tutorat étudiant.
Ainsi, les étudiants restent opposés à une sélection dès l’entrée à l’université. La question qu’il faut se poser est celle des critères sur lesquels les professionnels de santé de demain sont sélectionnés.
Les évolutions du système de santé nécessitent d’année en année des compétences de plus en plus variées : arrivée de nouvelles technologies, transformation de la relation médecin-patient... Face à ces évolutions, notre vision de la médecine est celle d’une profession forte de sa diversité et de son adaptabilité, et toujours une profession de l’humain.
Des risques de dérives
Ainsi, les qualités attendues d’un futur médecin sont variées et très différentes de celles valorisées par l’enseignement secondaire dans sa forme actuelle. Dès lors, il est évident que sélectionner les étudiants en amont de l’université se fait, soit sur des critères non pertinents - ou trop partiellement, soit sur des critères n’ayant pas fait l’objet d’une formation. La première option est insensée pour des raisons évidentes, et la deuxième est la porte ouverte à de nombreuses dérives : c’est favoriser les étudiants pouvant accéder au coûteux système des préparations privées au détriment des plus modestes, phénomène de reproduction sociale contre lequel nous luttons activement grâce aux tutorats étudiants, et qu’on retrouve par ailleurs dans les formations paramédicales ayant adopté un système de sélection à l’entrée sans première année ad hoc.
Par ailleurs, il est primordial de conserver le lien qui unit les étudiants en santé grâce à cette première année commune : bien que perfectible, cette année est actuellement un des seuls points d’ancrage de l’interprofessionnalité dans la formation des futurs professionnels de santé, notamment grâce au tutorat interfilière.
La PACES doit évoluer
Une fois cela dit, le problème des taux d’échec en PACES reste entier : le modèle actuel doit être ajusté. Le Lycée et l’Université doivent travailler de concert pour une meilleure orientation, en mettant en valeur les qualités attendues des étudiants et la difficulté des cursus. Ce principe d’orientation Bac-3/Bac+3, dont nous parlons maintenant depuis plusieurs années, doit être concrétisé pour mettre fin au nomadisme universitaire !
Par ailleurs, le modèle de la PACES doit évoluer pour garantir une réussite universitaire à tous les étudiants qui s’y engagent. Ainsi, il faut multiplier les passerelles vers et provenant d’autres filières de l’université : la diversité des profils est une richesse indéniable pour le système de santé de demain, car la multiplicité des métiers, des modes d’exercice, des patients, des problématiques qu’il connaîtra ne pourra être portée que par une génération qui est forte de sa pluralité. Les outils de sélection doivent être diversifiés pour évaluer des critères plus complets et pertinents : oraux, projet professionnel... Les acquis de la PACES doivent être valorisés pour permettre à des étudiants n’étant pas été reçus au concours de poursuivre des études supérieures sans devoir reprendre de zéro. Enfin, l’ancrage interprofessionnel de l’entrée dans les études de santé doit être sanctuarisé afin de garantir une culture commune aux professionnels de santé de demain.
Pour toutes ces raisons, les étudiants restent opposés à une sélection à l’entrée des études de santé, une solution simpliste et rétrograde au problème réel d’une sélection en PACES se focalisant sur la réussite des étudiants reçus au concours, au détriment des autres.
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