Il faut maintenir l'attractivité de la discipline

Une crise démographique

Publié le 27/11/2017

Résultante de deux mesures successives, le nombre d’anesthésistes réanimateurs (AR) formés a subi une baisse brutale. En 1971, le numerus clausus institué à la fin de la première année des études médicales a été fixé, de façon arbitraire, trop bas, sans analyse précise des besoins médicaux. Puis, en 1984, la suppression des certificats d’études spéciales (CES) lors de la réforme du troisième cycle, avec la mise en place de l’internat dit « qualifiant » pour tous, est venue enfoncer le clou. En effet, jusqu'alors, plus de 95 % des anesthésistes-réanimateurs (AR) étaient diplômés par cette filière du CES (diplôme d’études de spécialités [DES] d'aujourd'hui).

En parallèle, la demande d’anesthésie, pour des actes chirurgicaux et interventionnels (11,5 millions en 2010), n'a cessé d'augmenter, et le temps médical disponible s’est réduit. En effet, à partir de 2002, la réforme de l’aménagement et la réduction du temps de travail, a mise en place un repos de sécurité post-garde et intégré les gardes dans le temps de travail. Alors qu'elle aurait pu améliorer l’efficience du système hospitalier et donc limiter les besoins en AR, la restructuration hospitalière n'a été que limitée.

Diversification

Face à cette crise, la procédure d’autorisation d’exercice réservée aux médecins à diplôme extracommunautaire a fortement contribué à préserver le nombre d’AR. En 2007, il y avait presque autant de médecins inscrits au Conseil de l’ordre formés en, et hors de, France.

La profession d’infirmier-anesthésiste (IADE) a, elle aussi, permis la prise en compte de l’augmentation des actes d’anesthésie. Leur nombre a augmenté, de 5 000 à plus de 9 500, en une quinzaine d’années.

L’augmentation de la demande d’AR a favorisé le développement de la pluriactivité des AR, travaillant sur plusieurs sites, et le recours à l’intérim a été une solution pour maintenir ouverts, des plateaux techniques à faible activité. Cette évolution n’est pas un gage de qualité pour l’opéré, car les AR sont de fait moins impliqués dans la vie de l’établissement hospitalier.

Un métier qui se restreint

Mais le champ du métier des AR s’est aussi recentré, abandonnant progressivement les SAMU-SMUR, la douleur chronique, et les soins palliatifs. Ce recentrage sur les activités de bloc opératoire avec un retrait partiel des SMUR est également vrai pour les IADE.

Les AR doivent cependant garder leur place en réanimation (50 % des réanimateurs des réanimations polyvalentes sont des AR), et dans la médecine péri-opératoire, indispensable à une médecine de qualité pour l’opéré.

Une évolution vers moins de diversité professionnelle, avec des AR cantonnés au bloc opératoire, serait par ailleurs fortement délétère, elle compromettrait l’attractivité de la discipline, et donc à terme son renouvellement.

CHU Rennes

Pr Claude Ecoffey
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Source : Bilan Spécialiste