Réforme du premier cycle : après l'inquiétude, les doyens saluent les « aides concrètes » des ministres de tutelle

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Publié le 16/01/2020

Crédit photo : S. Toubon

Davantage de moyens financiers pour mettre en place correctement la réforme du premier cycle des études de santé : cette perspective a été saluée ce jeudi par la conférence des doyens des facultés de médecine. « Nous avons été très inquiets en fin d’année, a expliqué le Pr Jean Sibilia, président des doyens de médecine, devant la presse. Notre lettre aux deux ministres a suscité une réponse très positive de leur part, elles répondent aux questions posées et apportent des aides concrètes. Nous avons aussi pu faire le constat avec la CPU (conférence des présidents d'université) que la quasi-totalité des universités ont désormais terminé la première phase sur Parcoursup. C’est une première réussite. » 

16 millions en 2021 puis 12 millions par an

Dans un courrier adressé à la CPU et aux doyens, les ministres de la Santé, Agnès Buzyn, et de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, ont assuré qu'elles pérenniseraient les financements spécifiquement alloués à cette réforme. 16 millions euros étaient prévus dès 2020. Ils seront renouvelés en 2021, puis 12 millions s'ajouteront de façon pérenne. « Cela permettra l'embauche d'enseignants », salue le Pr Sibilia.

Le « dialogue de gestion » de l'université – un temps d'échange direct avec le ministère de tutelle pour exposer l'offre de formation et les coûts – se poursuit notamment pour évoquer les spécificités de chaque région. 

Deux parcours, un casse-tête

De fait, 2020 est une année charnière. La première année commune aux études de santé (PACES) et le numerus clausus disparaissent pour laisser place à un nouveau système d'entrée dans les filières sélectives. 

En pratique, pour rejoindre un cursus de médecine, maïeutique, odontologie et pharmacie (MMOP), le bachelier aura schématiquement deux voies possibles d'admission correspondant à deux types de parcours. Il pourra rejoindre une licence classique (maths, éco, lettres, droit, SVT, gestion, économie, etc.) comprenant une option « accès santé » (L.AS). Ou bien il pourra s'inscrire d'emblée dans un parcours spécifique « accès santé » (PASS, proposé dans les universités ayant une faculté de santé) avec une option sur ses points forts ou affinités (droit, philosophie, management, biologie, langues…) dans laquelle il pourra poursuivre en deuxième année s'il n'est pas admis dans la filière santé.

Sur le terrain, les difficultés pour organiser les nouveaux PASS et L.AS se sont accumulées. Ces dernières semaines, la conférence des présidents d'université (CPU) et celle des doyens de médecine avaient lancé plusieurs SOS au gouvernement sur le risque d'impossibilité matérielle à mener à bien à cette réforme.

Leur dernier cri d'alarme date de fin décembre. Alors que l'ouverture de la plateforme Parcoursup était imminente, plusieurs universités n'ont pas réussi à tenir les délais. Quatre facultés n'ont pu préciser les différentes voies d'accès aux filières santé sur Parcoursup pour des raisons logistiques et/ou budgétaires. « Elles bénéficient d'un accompagnement individuel depuis », commente le Pr Jean Sibilia, au nom des doyens de médecine.  

Des effectifs étudiants en hausse

Universités et facultés ont désormais du pain sur la planche : dédoubler les salles de TD et TP, instaurer les nouvelles modalités d'examens et épreuves de sélection, organiser les enseignements afin d'accueillir dignement les futurs étudiants. « Les ministères calculaient un coût par étudiant pour une année de l'ordre de 900 euros 1 000 euros, or la conférence l'estime plutôt entre 1 500 à 1 800 euros », explique le Pr Sibilia.

Les besoins de moyens et de financements vont forcément progresser. La conférence des doyens prévoit d'augmenter le nombre d'étudiants à former dans les études de santé de « 20 % dans les trois à cinq prochaines années », ajoute le Pr Sibilia.

Une mission prospective (doyens et Observatoire national de la démographie des professions de santé – ONDPS) va débuter pour anticiper l'évolution des besoins, prendre en compte les nouvelles technologies, l'évolution des modes d'exercice et des coopérations professionnelles.


Source : lequotidiendumedecin.fr