La question du coût des études médicales resurgit à la faveur de la réforme du deuxième cycle qui se profile et des outils pédagogiques que devront payer les étudiants.
L'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) dénonce aujourd'hui la « stratégie de rapaces » de plusieurs maisons d'édition qui, selon les carabins, négocient directement auprès des collèges de spécialités l'achat des droits du futur référentiel unique indispensable pour préparer les examens.
De fait, dans le cadre de cette réforme du second cycle programmée dès la rentrée 2020 pour les étudiants entrant en 4e année, enseignants, étudiants et doyens s'attellent à remodeler les modalités d'accès à l'internat. Supprimées, les épreuves classantes nationales (ECN) seront remplacées par une procédure de « matching », qui prendra en compte la note de l'étudiant à des examens de connaissances théoriques, de compétences mais aussi la qualité du dossier/parcours universitaire. Pour limiter le bachotage, l'un des objectifs est de réduire le volume de connaissances théoriques en recentrant les apprentissages sur les notions indispensables. Mais quel sera le matériel pédagogique nécessaire ? Et surtout à quel coût ?
1 300 euros et 39 référentiels...
Depuis 2017, doyens et collèges de spécialité travaillent à l'élaboration du futur référentiel unique qui permettra de préparer les étudiants au nouvel examen de connaissances (prévu en début de 6e année). « Ce référentiel comportera autant d'items qu'avant mais ils seront beaucoup mieux structurés et éviteront les doublons entre collèges », explique Romain Levesy, vice-président en charge des relations publiques à l'ANEMF.
Les carabins voudraient que la refonte pédagogique permette aussi de soulager leur effort financier. Actuellement, pour se préparer aux ECN, les jeunes planchent sur 39 référentiels correspondant à près de 350 items... « Les maisons d'édition rachètent les droits aux collèges. Un étudiant paie 1 329 euros pour accéder à l'ensemble des référentiels de révision des ECN. Il n'a pas d'autres choix », explique-t-il. Qu'en sera-t-il demain ?
Les référentiels sont mis à jour en moyenne tous les deux ans, obligeant les futurs médecins à acheter les dernières éditions. Avec quelque 8 000 étudiants entrant en 4e année, le marché des révisions s'élève à plusieurs millions d'euros.
Science ouverte
Attachée au principe de « science ouverte » (dont l'objectif est de rendre universellement accessibles les résultats de la recherche scientifique), l'ANEMF demande que le futur référentiel unique soit gratuit, accessible à tous et librement imprimable. Las, « plusieurs maisons d'éditions ont déjà approché des collèges de spécialité afin de négocier l'achat des droits papiers et numériques de ce travail collectif auprès des spécialités », se désole Romain Levesy.
Les carabins ne pourront tolérer que des collèges « privilégient sciemment l’enrichissement de leur structure au progrès qualitatif et social de leur formation ». Sur les réseaux sociaux, l'alerte n'est pas passée inaperçue. Le Carab'Déchaîné, dessinateur et étudiant en médecine, a consacré l'un de ses coups de crayon à la situation.
Concertation
L'ANEMF invite les collèges de spécialité à ne pas céder « aux offres alléchantes » des maisons d’édition qui risquent in fine de répercuter sur le coût de la scolarité. « Nous avons demandé des garanties au ministère de la Santé et de l'Enseignement supérieur pour compenser les collèges de leur perte », ajoute Romain Levesy. Une concertation ministérielle avec la conférence des doyens et la Coordination nationale des collèges d'enseignants en médecine (CNCEM) est envisagée. La publication du référentiel unique est attendue en 2020.
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