Parcoursup : la réforme de l'accès aux études de santé donne la migraine aux doyens et présidents d'université

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Publié le 19/12/2019

Crédit photo : AFP

Ce vendredi 20 décembre signe l'ouverture du site d'information Parcoursup. Les futurs bacheliers découvriront les formations disponibles en 2020 avec les enseignements proposés, les attendus et les possibilités de poursuite d'études.

Pour les études de santé, l'heure est à la mise en place de la réforme de l'accès aux filières sélectives (médecine, pharmacie, odontologie et maïeutique – MMOP). Les universités doivent préciser leur mode d'emploi.

Avec la disparition de la PACES, un bachelier aura schématiquement deux voies possibles d'admission dans les études de santé correspondant à deux types de parcours. Il pourra rejoindre une licence classique (maths, éco, lettres, droit, SVT, gestion, économie etc.) comprenant une option « accès santé » (L.AS). Ou il pourra s'inscrire d'emblée dans un parcours spécifique « accès santé » (PASS, proposé dans les universités ayant une faculté de santé) avec une option sur ses points forts (droit, philosophie, management, biologie, langues…) dans laquelle il pourra poursuivre en deuxième année s'il n'est pas admis dans la filière santé. 

De façon générale, tout étudiant conserve deux chances pour candidater aux études de santé (maïeutique, médecine, odontologie, pharmacie) tout au long de son parcours de premier cycle.

Des modèles différents

Contactée par « le Quotidien », la conférence des doyens de médecine assure que les deux tiers des universités détailleront au moins une voie d'accès dès vendredi. 

Par exemple, l'Université de Caen-Normandie a fait le choix de ne pas proposer de PASS mais une dizaine de L.AS – droit, psychologie, maths, informatique, physique, chimie, économie… Un travail de titan pour les universitaires. « Nous avons commencé bien en amont et nous avons choisi les licences plébiscitées par les étudiants en réorientation PACES et celles pour lesquelles les bacheliers avaient émis le plus de vœux en plus de la PACES », explique Alban Lepailleur, vice-président en charge de la formation.

Dans la région Grand Est, l'université de Strasbourg proposera un schéma unique : une licence majeure santé dans laquelle l'étudiant choisira, parmi 11 parcours, une autre discipline hors santé (droit, maths, chimie...).  Mais contrairement au PASS, l'étudiant pourra redoubler. De son côté, l'université de Paris-13 devrait proposer à la fois le PASS et une douzaine de L.AS.

Des flux difficiles à gérer

A contrario, certaines universités renonceront à afficher d'emblée l'ensemble des informations sur Parcoursup. 

Ces derniers mois, la conférence des présidents d'université (CPU) et des doyens de médecine ont lancé plusieurs SOS au gouvernement sur leurs difficultés à appliquer la réforme dans les délais impartis. Dans une lettre adressée à la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, dont « le Quotidien » a eu une copie, Gilles Roussel, président de la CPU, relève une accumulation d'obstacles. Il pointe du doigt « le manque de moyens notamment humains, les délais d'organisation (locaux, enseignants disponibles) et les capacités d'accueil ».

À Lille, le Pr Didier Gosset, doyen de la fac de médecine, reconnaît que trouver le point d'équilibre dans les capacités d'accueil entre PASS et L.AS est complexe. « Nous avons trouvé des licences partenaires, le problème c'est que beaucoup d'entre elles sont déjà saturées, explique-t-il. Le rectorat souhaite que nous accueillions 3 900 étudiants répartis entre PASS et L.AS. Ce n'est pour l'instant pas possible, faute de places. Sans connaître les réelles capacités d'accueil de chaque filière ; je préfère ne rien afficher sur Parcoursup... »

Une réforme à 100 millions d'euros

Un flou persiste aussi sur l'accompagnement financier. Certes, 16 millions d'euros ont été fléchés sur la réforme du premier cycle de santé. Un montant jugé non seulement très insuffisant mais également flou quant à sa répartition entre les universités. Ainsi, l'université de Lille a reçu 218 000 euros, très loin des besoins estimés pour mener à bien la réforme. Les conférences des doyens (en santé) et la CPU estiment qu'un financement total de 100 millions d'euros serait nécessaire pour adapter l'ensemble des universités à cette profonde réforme. 

Il s'agit de couvrir la création des nouveaux contenus pédagogiques, le matériel ou le recrutement des enseignants. À Caen, contrairement à la PACES, les licences fonctionnent avec des TD en petits groupes et des travaux pratiques (TP). « Ça veut dire plus de salles et de matériels », résume Alban Lepailleur. À Strasbourg, même combat. « En PACES on avait un enseignant pour 1 800 étudiants, maintenant il faut recruter plusieurs enseignants qui encadreront des groupes de 30 à 40 étudiants, commente Benoît Tock, vice-président formation à l'université. On a aussi évalué entre 8 000 et 10 000 heures supplémentaires de cours. »

 


Source : lequotidiendumedecin.fr