Outre des horaires qui s'allongent encore et des réaffectations en urgence dans les services en forte tension, les internes, déjà soumis à une pression accrue avec la crise sanitaire, dénoncent les carences de matériel ou des problèmes d'hygiène dans les établissements en pleine épidémie du Covid-19.
L'Intersyndicale nationale des internes (ISNI) a même lancé un appel à témoignages sur les réseaux sociaux pour prendre le pouls des jeunes. Le syndicat n'hésite pas à relayer le ras-le-bol qui s'exprime, notamment sur la question toujours sensible des équipements de protection.
#covid Manque de #masques la situation est encore critique dans les établissements. Des masques fabriqués par des étudiants avec des chutes de surblouses et des agrafes. Nous avons peur pour nos patients.https://t.co/5U6BIT3XhA
— ISNI - InterSyndicale Nationale des Internes (@ISNItwit) March 31, 2020
Chacun se débrouille
Une interne d'Angers raconte que dans son établissement « les masques sont faits avec du matériel utilisé en stérilisation sous la direction des pharmaciens ». Et ajoute : « Il y a encore des problèmes de matériel sur tout le territoire, alors on innove comme on peut, ce sont des tissus utilisés pour envelopper les paniers contenant le matériel de chirurgie après stérilisation. Il n'empêche que c'est du "débrouillage". La pénurie nationale n'est pour autant pas acceptable ! »
D'autres étudiants de troisième cycle fabriquent leurs propres masques. Un établissement du Var a distribué une notice explicative.
Voici ce qui vient d'être distribué à mon amie, #interne en #médecine dans un #hôpital public varois : un document pr FABRIQUER SON PROPRE MASQUE DE SOINS afin de pallier à la pénurie ! #pénurie #pénuriedemasques#CoronavirusFrance #AgnesBuzyn #COVID19france #confinementtotal https://t.co/tMapg6Ruxm pic.twitter.com/rDPdWSn62V
— Gauthier Terle (@GauthierTerle) March 17, 2020
Dans les stages ambulatoires, c'est parfois le même constat. L'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG) s'agace du manque de réactivité de certaines agences régionales de santé (ARS) « toujours pas en mesure de doter de manière correcte tous les internes en protections élémentaires ».
Pas de draps propres en chambre de garde
En dehors du matériel de protection, les conditions d'accueil en stage peuvent donner des sueurs froides.
À Marseille, Baptiste, un interne d'anesthésie-réanimation à l'AP-HM, exprime son vif mécontentement au sujet de l'insalubrité de sa chambre de garde d'internat. « Ce soir, ma chambre n'est pas nettoyée, aucun drap n'y est déposé ne serait-ce que par terre, et c'est également le cas pour nos séniors ayant ouvert des lignes de gardes supplémentaires pour remédier à la situation sanitaire que l'on connaît ! », raconte-t-il. Or, ajoute-t-il, « les internes d'anesthésie et réanimation seront amenés à réaliser plus de 100 heures de travail hebdomadaire et à passer à l'hôpital autant de nuit qu'à leur domicile. On peut donc espérer pour eux que le peu de temps sommeil qu'ils parviendront à glaner pendant ces périodes de garde, ne sera pas amputé par la tâche qui consiste à trouver des draps et nettoyer leur lit, nettoyage d'autant plus nécessaire en période de pandémie »
Le rythme de travail reste une source d'angoisse permanente et de dérision.
Si tu majores des heures sup non payées, ça fait toujours 0 https://t.co/iu9KeeSREV pic.twitter.com/LfgMogf0sy
— Pathognomonie #StayTheFuckHome (@Pathognomonie) April 1, 2020
Les externes s'inquiètent eux-aussi de subir les effets délétères de la crise actuelle. Quelque 250 000 étudiants en santé sont mobilisés d'une manière ou d'une autre, selon le décompte des fédérations représentatives des étudiants en santé (ANEMF, ANEPF, ANESF, FNESI, FNEK et UNECD). Dans un communiqué commun, ils réclament (comme les autres soignants) de pouvoir « bénéficier du même accès au matériel inhérent à leurs activités, ainsi que la possibilité de disposer de modalités de dépistage en cas de symptômes relatifs au virus SARS-CoV-2 ».
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