La procédure des choix de postes des ECNi 2020 s'est achevée mi-septembre. « Le Quotidien » dévoile le nouveau classement des spécialités médicales et chirurgicales selon leur indice d'attractivité, trois ans après la réforme du troisième cycle. Une façon de prendre le pouls des jeunes médecins à l'heure des choix de carrière.
Passage obligé (et éprouvant !) vers l'internat, la procédure nationale de choix de postes s'est déroulée entre le 1er et le 18 septembre. Exactement 8 425 nouveaux internes – CESP inclus mais après invalidations – classés aux épreuves classantes nationales (ECN) ont été affectés dans l'une des 44 spécialités et des 28 subdivisions, à l'issue de cet amphi de garnison virtuel.
Pour ce cru 2020, l'indicateur d'attractivité du « Quotidien » (encadré) place la chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique au top des spécialités les plus prisées pour la seconde année consécutive – devant l'ophtalmologie où il fallait être dans le premier quart du classement pour obtenir un des 148 postes. La dermatologie et vénéréologie complète ce podium et la médecine cardiovasculaire – choisie par la major Marie Dupuy – se hisse à la quatrième place.
La réforme du troisième cycle des études médicales en 2017 (lire aussi page 3) a quelque peu bousculé le palmarès. Alors que l'ophtalmologie, la néphrologie, la cardiologie et la radiologie dominaient tous les classements, les disciplines chirurgicales mieux identifiées avec la filiarisation ou encore de nouveaux DES comme les maladies infectieuses et tropicales (MIT) ont gagné rapidement leurs galons. À l’inverse, des nouvelles spés comme la gériatrie, la médecine d'urgence ou la médecine légale ont bien du mal à faire recette.
Plus lisibles
« La filiarisation a certainement mis en lumière l'attractivité forte des disciplines chirurgicales, un ensemble qui était plus opaque auparavant car organisé sous la forme de diplômes d'études spécialisés complémentaires [DESC] choisis plus tardivement dans le cursus, analyse le Pr Benoît Schlemmer, qui pilota toute la réforme du troisième cycle. Plusieurs spécialités sont beaucoup plus lisibles et ont des maquettes détaillées ». Cet expert ajoute qu'un travail reste nécessaire pour faire découvrir beaucoup mieux les spécialités moins attractives dès le deuxième cycle.
Car certaines voies restent négligées depuis plusieurs années. La médecine et santé au travail, au bas du tableau, laisse 20 % des postes vacants à l'issue des affectations 2020. La biologie médicale, aujourd'hui sous les feux de l'actualité, reste à l'avant-dernière place et 13 % de ses postes n'ont pas été pourvus. La santé publique n'a pas suscité davantage de vocations et, là aussi, 15 % des places restent en jachère.
Familiarisation
Le manque de visibilité pendant les études, la difficulté de se projeter dans une carrière hospitalière ou encore les faibles rémunérations proposées dans certaines disciplines cliniques en médecine de ville contribuent à cette panne d'attractivité. Mais pour nombre d'experts, une grande partie des choix se jouent au cours du cursus initial, lors des enseignements et en stage (lira aussi page 4).
« L'enseignement à la fac accorde par exemple une place importante à la médecine interne ou à l'ophtalmologie mais très peu à d'autres comme la médecine du travail, la psychiatrie ou même la médecine générale, et ça se ressent aux ECN, peu de sujets concernent ces spécialités », explique Franck Rolland, chargé de mission « prévention des risques psychosociaux » à l’ISNI.
Des spécialités qui changent
D'autres cartes sont rebattues, notamment dans des spécialités bousculées par l'intelligence artificielle. La radiologie est moins prisée avec un indicateur d'attractivité en repli depuis 2017, désormais au dixième rang des choix de postes. L'anapath emprunte le même chemin, reléguée au 32e rang. La néphrologie recule à la douzième place.
Du côté des disciplines cliniques, la chute de la pédiatrie inquiète le secteur. « Choisie parmi les premières spécialités au concours de l’internat il y a 15 ans, la pédiatrie attire beaucoup moins les internes, en raison de sa faible attractivité », se désole le Syndicat national des pédiatres français (SNPF), qui en profite pour réclamer des revalorisations d'honoraires. Comme la psychiatrie et la gynécologie médicale, la pédiatrie fait partie des priorités dans le cadre des négociations en cours avec l'assurance-maladie.

Regain de forme pour la médecine générale
Pour la médecine générale enfin, qui fournit les très gros bataillons d'internes (40 % des postes à pourvoir), l'attractivité est en hausse régulière depuis quatre ans. L'an passé déjà, cette spécialité qui laissait auparavant de nombreux postes vacants avait fait le plein pour la première fois avec plus de 3 200 internes affectés. En 2020, elle renoue avec le succès : non seulement le taux de remplissage atteint 99,7 % (une dizaine de places vacantes seulement) mais – fait symbolique – le premier candidat à avoir opté pour la médecine générale était 14e aux ECNi 2020, ce qui constitue un autre record.
« Il y a davantage de maîtres de stage et davantage de stages aussi, se félicite Morgan Caillault, président de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine (ISNAR-IMG). Même si des efforts doivent encore être faits à la faculté, les jeunes ne voient plus la médecine générale comme une sous-spécialité mais comme une spécialité à part entière qu'ils choisissent. »