LA COLÈRE et surtout la fatigue et l’inquiétude étaient lisibles sur les visages des quelque 200 étudiants de 6e année réunis vendredi dernier avenue de Ségur, pour exprimer leur mécontentement devant le fiasco de la dernière partie des Épreuves classantes nationales (ECN), la lecture critique d’article (LCA). Qu’ils viennent de Rouen, Poitiers, ou, pour la majorité, de Paris, ils racontent tous la même histoire. Exténués, ils jugent hors de question de repasser l’épreuve, encore moins l’ensemble des ECN. « Que les concernés assument », « CNG (centre national de gestion), démission », peut-on lire sur les banderoles.
« Mercredi midi, nous pensions tous en avoir fini, jusqu’à ce qu’ils annulent l’épreuve, à 5 minutes de la fin, et nous disent de revenir à 14 heures. L’après-midi, on nous distribue de nouveaux sujets. Pendant 20 minutes nous restons debout, puis, on ramasse les sujets et on nous fait asseoir pendant 1 heure, on nous dit qu’un centre n’était pas prêt et on nous parle de fraude. On ne savait rien, et les surveillants criaient : "Taisez-vous." Lorsqu’on nous a annoncé l’annulation définitive, il y a eu beaucoup de pleurs et de cris… On a l’impression qu’ils ont composé les sujets à la légère et qu’on nous vole notre fin d’internat », témoigne Clémentine, étudiante en 6e année à la faculté de Rouen, venue passer son concours à Douai.
L’investissement est aussi financier. « On a payé 300 euros l’hôtel, sans compter le trajet entre Rouen et Douai, ni le stress, ni les sacrifices que nous avons faits pendant 3 ans », souligne sa camarade Émilie. « Et ce n’est peut-être pas fini… » Elle hésite en effet à annuler son départ pour New York, le 24 juin, où elle est attendue en stage, tout comme une troisième Rouennaise, Caroline, qui a un billet le 10 juin pour le Vietnam.
« Je suis dégoûtée. Cela fait 3 ans qu’on travaille pour le métier de notre vie, nous finissions à 23 heures quatre jours par semaine, cette épreuve devait être une libération, et tout est annulé. Et on nous accuse en plus de jouer les enfants gâtés ou de réclamer n’importe quoi parce qu’on refuse de repasser la LCA ! », estime de son côté Camille, étudiante à Paris VII, la voix entrecoupée de sanglots.
Comme beaucoup, elle redoute que l’épreuve ne soit plus du tout discriminante car tous les étudiants, même ceux qui l’avaient négligée, peuvent la réviser. « Les facs mettent déjà la pression, organisent des cours et conférences de LCA, cela va aggraver les inégalités, notamment entre Paris et la province », intervient un autre étudiant de Paris VII. « Moi, je suis incapable de me remettre dans mes cours, je suis au bout du rouleau », réagit de son côté Amandine. « Ils n’ont pas été capables de préparer un sujet en 1 an, comment vont-ils faire pour organiser une nouvelle épreuve d’ici deux semaines », ironise un autre étudiant parisien.
Ils avaient tous répondu à l’appel lancé sur une page facebook. Les carabins se sont organisés au fil de l’après-midi de vendredi et une délégation de 4 représentants de facultés parisiennes, et de la présidente de l’ANEMF, Ingrid Bastide, a été reçue au ministère de la Santé. Elle comptait obtenir des explications, demander la neutralisation de l’épreuve, et discuter des problèmes juridiques que cela entraînerait. Mais il semblerait que cela ait été peine perdue : la lecture critique d’article pourrait être repassée entre le 13 et le17 juin.
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