Antidépresseurs, anxiolytiques, tabac et alcool. Les étudiants PACES et de seconde année de médecine adoptent des comportements addictifs pour faire face à leur cursus et réduire leur anxiété, rapporte une équipe française de psychiatres et de médecins de santé publique de l'université d'Aix-Marseille dans une étude publiée au sein du « Journal of affective disorders ».
Pour ce faire, les praticiens ont passé au peigne fin les réponses de 4 345 étudiants (3 051 en première année, 1 294 en 2e année), issus des 35 facultés de médecine et ayant participé à un questionnaire en ligne entre décembre 2016 et mai 2017 sur leurs consommations, leurs motivations et leur état de santé.
Les résultats suggèrent que les étudiants de première année (PACES) consomment deux fois plus d'antidépresseurs et 1,5 fois plus d'anxiolytiques que ceux en deuxième année. « Ce résultat peut être lié aux pressions des études et à l'examen final de première année, qui se traduisent par des taux plus élevés de troubles de l'humeur et d'anxiété », notent les auteurs.
En revanche, en deuxième année, la consommation diffère légèrement. Ainsi, les jeunes sont quatre fois plus susceptibles d'avoir une consommation d'alcool dangereuse (50,5 % des étudiants en 2e année déclarent avoir une consommation dangereuse contre 14,7 % des PACES). La probabilité de fumer augmente également de 25 % par rapport aux PACES. Ils consomment également plus de cannabis (5,6 % contre 4 % chez les PACES). En revanche, les motivations sont plus variées. Les jeunes souhaitent soulager leur anxiété, faire face aux difficultés liées aux études et à la pression sociale, sont à la recherche de nouveauté, de stimulation et désinhibition.
Ils sont également deux fois plus susceptibles d'être suivis par un professionnel de santé. « Nous faisons l'hypothèse qu'ils consultent parce qu'ils ont développé des troubles psychiatriques antérieurs mais qu'ils n'avaient pas le temps de consulter en 1re année à cause de la charge du concours, explique au « Quotidien » le Dr Guillaume Fond, psychiatre et auteur principal de l'étude. D'autre part, l'augmentation de la consommation de tabac, d'alcool et du cannabis peut aussi déclencher ou aggraver des troubles qui peuvent conduire à une consultation. Enfin les étudiants en 2e année sont confrontés pour la première fois à l'hôpital, la maladie et les gestes infirmiers, ce qui peut générer des angoisses ou des interrogations sur leur vocation médicale. »
Déployer des initiatives en santé mentale
Pour l'équipe de psychiatres, il est urgent de développer des programmes de prévention de santé mentale chez les étudiants PACES et du premier cycle. « En première année – de médecine, mais aussi de toutes les premières années universitaires d'après moi –, tous les étudiants devraient recevoir une ou plusieurs journées de formation sur la santé mentale, l'alimentation et l'activité physique, ainsi que la régulation des émotions et les contacts psychothérapiques possibles en cas de difficultés », ajoute le psychiatre.
Plusieurs études montrent les bénéfices de la méditation en pleine conscience (mindfulness), de l'hypnose ou des exercices de relaxation pour apprendre à gérer son stress. Plusieurs tutorats expérimentent et développent une stratégie de bien-être envers les PACES comme à Dijon où les jeunes bénéficient de massages et d'hypnose.
L'équipe suggère aussi de mettre en place pour les jeunes en 2e année un programme obligatoire d'enseignements sur la santé mentale portant sur les consommations de produits psychoactifs et les risques psychosociaux, notamment le burn-out, le harcèlement moral et sexuel.
Sources de vives critiques, le numerus clausus et la PACES seront supprimés cette année, à la demande du président de la République, Emmanuel Macron. Dès septembre 2020, deux nouvelles voies seront possibles pour accéder aux études de santé : PASS ou L.AS. Un nouveau modèle censé en finir avec le couperet du concours et améliorer la santé mentale des jeunes. Pour autant, tout n'est pas gagné. « Si à la fin le taux de sélection est le même, il y a de fortes chances que les problématiques perdurent c'est-à-dire que les étudiants devront travailler de façon intensive pour réussir leurs examens et pourront développer par exemple une anxiété de performance », conclut-il. Une nouvelle étude devra être effectuée dans cette nouvelle configuration.
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