Le sujet fait rage depuis deux ans.
Enseignants et internes de médecine générale ne sont pas parvenus à s’entendre lors d’un débat au congrès du Collège national des généralistes enseignants (CNGE), qui a réuni à Dijon plus de 1 200 participants.
Dans un récent rapport sur l’avenir de la spécialité, le Pr Pierre-Louis Druais, président du collège de médecine générale, avait rendu un verdict implacable : « La durée actuelle de trois ans est insuffisante et apparaît aujourd’hui comme une incongruité par rapport à des formations en quatre ans pour des DES de spécialités au champ plus resserré. Une durée de quatre ans est nécessaire pour permettre une professionnalisation et conférer à la discipline une reconnaissance égale à celle des autres. »
La communauté enseignante est unanime sur le constat. « Une formation plus courte renvoie à une moindre complexité alors que notre spécialité est particulièrement exposée, expose le Dr Xavier Gocko, membre du collège académique du CNGE. Une 4e année d’internat est essentielle sur le plan pédagogique et pour une plus grande reconnaissance de la société. »
Consensus chez les profs
L’actuelle formation des généralistes – en trois ans – ne permettrait pas, selon les enseignants, d’acquérir une formation idoine. « Même s’il est de qualité, notre cursus présente des points faibles, avec une carence de formation à la gestion et aux outils de travail, reconnaît le Pr Christian Ghasarossian (Paris V). Nous devons mieux préparer les internes à assurer leur mission de médecin généraliste avec une exposition répétée à leur futur métier. » L’enseignant préconise un DES en quatre ans avec un stage en ambulatoire chaque année.
Preuve du sentiment d’impréparation des nouveaux généralistes, beaucoup d’internes s’installent après une longue période de remplacement pendant laquelle ils complètent leur formation, ajoute le Pr Frédéric Huet, doyen de Dijon. « Une année d’internat avec mise en situation s’impose, affirme-t-il. Mais aurons-nous les moyens d’encadrer deux ou trois stages obligatoires ? 4 500 internes à former par promotion, c’est un volume considérable ! »
Même si leur nombre a considérablement augmenté ces dernières années (de 3 500 en 2006 à près de 8 000 aujourd’hui), les maîtres de stage ne sont toujours pas assez nombreux pour accueillir 14 200 internes de médecine générale en formation. Seulement la moitié des futurs généralistes peuvent réaliser un SASPAS (stage en autonomie supervisée) en plus de leur stage obligatoire en cabinet.
Réticence des internes
Pas convaincue, la jeune génération redoute une année supplémentaire d’« exploitation » par l’hôpital. « Une quatrième année est-elle vraiment nécessaire ? Nous plaidons pour un DES en trois ans, mieux fait, avec un stage en ambulatoire chaque année, clame Trystan Bacon, président de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG). Le risque, à la faveur de ce changement, serait de voir des internes effectuer un stage de six mois en suites de couches puis six mois en pédiatrie, pas sûr que ce soit profitable. »
Chargé de piloter la réforme du 3e cycle, le Pr Benoît Schlemmer, ancien doyen de Paris VII, a officiellement pris position pour un allongement de la durée du cursus. « On voit mal pourquoi la médecine générale resterait à trois ans compte tenu de son champ d’action alors que les nouveaux DES de médecine d’urgence et de gériatrie seraient à 4 ans. Il n’y a aucune raison philosophique à s’arc-bouter sur une formation en trois ans pour l’éternité ! »
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