Imaginée pour redorer le blason de la biologie médicale, la réforme de la spécialité a eu l'effet inverse qu'escompté.
Le Syndicat des jeunes biologistes médicaux (SJBM), l'Intersyndicat des internes (ISNI) et la Fédération des syndicats d'internes en pharmacie et biologie médicale (FNSIP-BM) ont alerté les pouvoirs publics sur la perte d'attractivité de leur discipline.
Dans une lettre envoyée aux ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur, les syndicats de jeunes déplorent la fuite des étudiants vers d'autres spécialités.
Le choix des postes des internes en 2016 reflète la « nouvelle débâcle » de la spécialité, selon eux : 12 postes sont restés vacants sur les 118 ouverts contre 21 sur les 145 proposés en 2015. « Depuis plusieurs années les étudiants en médecine boudent la profession avec, encore une fois, des rangs limites (8 119) aussi élevés que l'année 2015 (8 872), et plus de la moitié des choix se faisant au-dessus du 7 000e rang », constatent les trois syndicats. En 2008, le dernier poste pourvu dans la spécialité était pris par un étudiant classé au 2 895e rang.
Trop de paperasse et aucune vision à long terme
Pourquoi la biologie médicale ne séduit-elle plus les carabins ?
Selon Lionel Barrand, président du SJBM, les étudiants sont refroidis par la partie administrative de plus en plus présente dans la profession depuis la mise en place de l'accréditation pour la totalité des examens biologiques. « Ils sont moins intéressés. La charge administrative et les procédures ont augmenté. En plus, la vision à long terme de la profession reste floue », analyse-t-il.
En effet, la réforme de 2010 qui prônait une médicalisation de la profession « a eu un effet radicalement inverse ». Elle a conduit à la baisse du remboursement de plusieurs examens biologiques dont le plus emblématique est la numération formule sanguine (NFS), le plus pratiqué. À cela s'ajoute l'accréditation obligatoire (mise en place en 2013) dont le coût est élevé. Les procédures sont parfois si complexes et longues que les laboratoires renoncent. Par conséquent, les petites structures ne suivent plus financièrement. Elles sont rachetées par des fonds d'investissement qui ont un objectif de rentabilité à court terme. La place du médecin est reléguée à un simple « pion » sans pouvoir décisionnel. « Ce qui est séduisant dans cette spécialité est la transmission intergénérationnelle. Or aujourd'hui, les plus jeunes biologistes ne peuvent plus racheter la part des seniors », explique le président du SJBM.
Redorer le blason avec la réforme du 3e cycle
La réforme du 3e cycle attendue à la rentrée universitaire 2017 devrait « ouvrir le champ de la biologie médicale et accorder plus de souplesse à la profession », espère Lionel Barrand. Trois points ont été développés en ce sens. Pour attirer les jeunes, les syndicats veulent rendre plus fluide l'accès à la recherche en débloquant une année supplémentaire non obligatoire pour les étudiants qui souhaitent continuer. L'accent sera aussi mis sur le dialogue entre le clinicien et le biologiste. « Les jeunes veulent plus de contact avec les médecins, être mieux intégrés », ajoute-t-il. Enfin, la diversification du parcours et les passerelles doivent permettre de resserrer les liens avec la clinique et de décloisonner la profession.
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