La médecine générale devrait être une spécialité à part entière. En 2004, un diplôme d’études spécialisées (DES) de la discipline voyait le jour. Il y a près de 1 000 jours, l’option de médecine générale était créée au Conseil national des universités (CNU). Pourtant, en dépit des étapes franchies, aucun professeur de médecine générale n’a été titularisé. Le Syndicat national des enseignants de médecine générale (SNEMG) s’en émeut. « La médecine générale reste une discipline sinistrée sans aucun moyen, s’inquiète le syndicat. Il n’y a aucun titulaire universitaire de médecine générale alors qu’il y en a 5 500 pour toutes les autres spécialités ». Actuellement, 135 associés à mi-temps encadrent le DES des 6 000 internes de médecine générale. Selon le syndicat, le ministère de l’Enseignement supérieur envisage une « redistribution de 10 nouveaux postes d’enseignants associés par an pour toute la France soit un pour 3 à 4 facultés ». « À ce rythme, il faudra des centaines d’années pour constituer une filière universitaire de médecine générale, note le SNEMG. Il suffirait de nommer un titulaire universitaire et 2 enseignants associés par an et par faculté pendant 4 ans pour inverser la tendance ».
Les réticences de certains doyens
L’article 15 de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) prévoit pourtant, à compter de la prochaine rentrée universitaire et pendant quatre ans, que « le nombre annuel d’emplois créés dans chacune des catégories suivantes ne peut être inférieur à 20 pour les professeurs des universités de médecine générale, 30 pour les maîtres de conférence des universités de médecine générale et 50 pour les chefs de clinique des universités de médecine générale ». Mais qu’en sera-t-il réellement sur le terrain ? Le contexte économique est difficile, la tendance est à la non-création de postes à l’Université. Enfin, et ce n’est pas la moindre des oppositions, certains doyens rechignent à redistribuer les budgets des postes d’enseignants de spécialités vers la médecine générale. « Si le ministère de l’Enseignement supérieur ne donne pas un quota de postes fléchés budgétairement pour la médecine générale, on n’y arrivera pas », affirme le Dr Vincent Renard, président du SNEMG. Cette absence de moyens couplée à l’émoussement de la volonté politique complique la tâche. Une commission nationale d’intégration des professeurs de médecine générale a récemment été mise en place. Elle a fini d’examiner en avril les 64 dossiers des professeurs associés de médecine générale qui souhaitaient devenir titulaires. Sur ces 64 candidats, 38 ont été déclarés aptes à la titularisation. Or, la ministre de la Santé, qui avait décidé de communiquer sur ce sujet, est restée muette depuis avril. Les déclarations d’intention de revalorisation de la médecine générale dans la loi HPST ont-elles du plomb dans l’aile ? « Nous sommes victimes d’un obstacle budgétaire et culturel », affirme fataliste un enseignant de médecine générale. La ministre de la Santé, qui se déplace jeudi à Nice à un Congrès de médecine générale, devrait en dire un peu plus sur l’avenir de la filière universitaire de la discipline.
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