Près des deux tiers (60 %) des médecins hospitaliers expérimentés – âgés de plus de 45 ans – se déclarent « pessimistes » ou « inquiets » pour l’avenir de leur métier.
Interrogés par Appel Médical Search*, ils pointent dans l'ordre le « durcissement des politiques de santé avec une diminution du financement du système de soins » (47 % d’occurrence dans le top 3 des réponses), « l’émergence de la télémédecine » (36 %) et le « regroupement des structures hospitalières » (36 %) comme les principaux sujets d’inquiétude sur les évolutions attendues du métier. Suivent « l’accélération de la course à la rentabilité » (34 %), la « baisse du nombre de médecins » (28 %) ou encore le « recul des structures publiques » (22 % mais 31 % parmi les hospitaliers du public). « Cela va être de pire en pire : la course à la rentabilité et les difficultés de financement dans le public vont augmenter », témoigne un cardiologue exerçant dans le privé.
La fierté du métier
Malgré ces craintes, 82 % des médecins interrogés opteraient pour le même choix de métier si c’était à refaire, exception faite des urgentistes dont les réponses négatives atteignent 35 %. La satisfaction des médecins hospitaliers provient d'abord, pour ceux exerçant à l’hôpital public, de « la diversité des pathologies et des patients » (47 % de récurrence dans le top 3 des réponses) tandis que ceux du privé mettent en avant « la rémunération satisfaisante » (45 %). Sans surprise, les motifs d'insatisfaction principaux concernent la « lourdeur administrative » (citée par 48 % des hospitaliers du public) ou, pour leurs homologues du privé, les « journées de travail trop longues » (41 %) et « la notion de rentabilité des soins omniprésente » (41 %). Quels sont les adjectifs qui décrivent le mieux leur métier ? « Passionnant », « épuisant » et « intéressant » !
Une relève « loisirs »?
L’autre enseignement majeur de cette étude concerne le regard sévère porté par ces praticiens expérimentés sur leurs jeunes confrères : à 56 %, ils ont « un avis mitigé » et à 5 % un avis carrément « négatif ». « Il y a moins de passion, mais c’est en lien avec la vision des nouvelles générations » assure un urgentiste du privé. Les anesthésistes jugent moins durement la relève avec 45 % d’avis positifs.
Au premier rang des évocations négatives, la nouvelle génération est perçue comme « moins disponible » pour 85 % des sondés et « moins engagée » dans 69 % des réponses. « Le métier n’est plus vu comme un sacerdoce mais comme un métier après une vie sociale et familiale », résume un urgentiste privé.
Toujours selon leurs aînés hospitaliers, les jeunes confrères (de la même spécialité) seraient avant tout soucieux de « la rémunération attractive » (72 % d’occurrence dans le top 3) et de « la possibilité d’équilibrer vie professionnelle et vie privée » (67 %), bien avant le recours à des technologies de haut niveau (34 %) ou l'exercice d'un métier valorisant.
Enseignement édifiant : seuls 11 % des hospitaliers sondés considèrent que la nouvelle génération est préoccupée par le fait de « sauver des vies » ou « aider les gens ». « Ce sont des internes des loisirs, la place des loisirs est de plus en plus grande y compris dans les phases de recrutement avec des questions du type "y a-t-il Darty ou la Fnac chez vous ? Ou un port de pêche ?" », raconte un cardiologue privé. Ce jugement fort critique va à l’encontre des résultats d’une autre étude réalisée l’an dernier par le même cabinet auprès de 197 étudiants en médecine. Ils étaient 74 % à placer l’exercice « d’un métier utile » en tête de leur motivation, devant la volonté « d’aider et de sauver les patients » (73 %).
Seule perception positive des aînés sur la relève : cette dernière est jugée mieux formée (35 %) et surtout mieux informée (65 %). « Ils ont un accès plus facile à l’information et sont plus conscients des enjeux de la profession » indique un radiologue du public.
*Plus de 200 médecins hospitaliers, âgés de plus de 45 ans et travaillant dans quatre spécialités (cardiologie, radiologie, anesthésie-réanimation, urgences), ont été interrogés à l’automne 2017 par Appel Médical Search (groupe Randstad).
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