Lors d’une journée de fermeture des cabinets de médecins généralistes contre le projet de loi de santé, MG France a tiré la sonnette d’alarme sur la situation démographique « désastreuse » dans laquelle se trouvent de plus en plus de bassins de vie en France.
Les départs massifs à la retraite des médecins du baby-boom compliquent la situation de leurs confrères, et pas seulement dans les déserts médicaux. À Paris, le nombre de généralistes libéraux (exclusifs ou mixtes) chute à grande vitesse. Ils étaient 5 800 en 2007 à exercer dans la capitale. Ils ne sont plus que 4 419 cette année, et environ 4 000 en 2018 selon les projections de l’Ordre des médecins. La spécialité souffre d’un manque d’attractivité et de nombreux départs ne sont pas remplacés. Le Dr Patrick Chambraud, généraliste qui exerce seul dans un cabinet du 14e arrondissement, s’apprête à travailler en lien avec un des 14 pôles de santé mis en place par la mairie de Paris.
La situation est aussi tendue dans la ville moyenne de Nogent-sur-Seine (Aube), 6 500 habitants, située à 100 kilomètres de Paris. « Sur les cinq généralistes en activité, deux âgés de 67 et 69 ans doivent partir à la retraite d’ici à la fin de l’année. Nous allons nous retrouver à trois médecins pour gérer un bassin de 10 000 habitants », commente le Dr Dominique Bastien, 54 ans. Le médecin confie sa crainte de ne pas pouvoir assumer cette nouvelle charge de travail. « Nous travaillons 12 heures par jour en mangeant un sandwich le midi. Nous sommes débordés et craignons pour notre santé. Si nous ne trouvons pas de solution, nous "déplaquerons" pour aller exercer ailleurs. »
Des centaines de Château-Chinon ?
À une cinquantaine de kilomètres de Paris, le Dr Gilles Urbejtel et son associé connaissent une situation difficile à Mantes-la-Ville (Yvelines), 20 000 habitants. Ils ont écrit une lettre ouverte aux professionnels de santé et aux élus pour les alerter sur les risques de catastrophe sanitaire que pourrait entraîner le départ à la retraite dans les cinq prochaines années des cinq généralistes âgés de plus de 60 ans. « Il faut trouver de nouveaux modes d’exercice et favoriser l’aide au secrétariat », insiste le Dr Urbejtel. Des journées de travail qui s’allongent, des nouveaux patients qu’il n’est plus possible d’accepter, les difficultés de partir en vacances et la crainte de ne pas trouver de remplaçant... autant de facteurs qui contribuent au malaise.
« Il y aura des centaines de Château-Chinon en France », pronostique le Dr Jacques Battistoni, secrétaire général de MG France, en référence à la ville de la Nièvre, devenue la première sous-préfecture de France à ne plus compter aucun généraliste. « L’État doit prendre conscience que la France ne peut pas se passer d’un investissement sur la médecine générale », conclut-il.
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