Pour que le week-end d'intégration ne se transforme pas en week-end d'humiliation, le Comité national contre le bizutage (CNCB), une association créée en 1997 et soutenue par le ministère de l'Enseignement supérieur, lance le 9 septembre une campagne coup de poing « Je dis stop » visant à mobiliser et à engager les jeunes via les réseaux sociaux Facebook, Instagram, Twitter pour lutter contre les pratiques de bizutage.
Une dizaine de visuels et de GIFs avec témoignages seront diffusés sur les réseaux sociaux vers des profils cibles (les établissements d'Ile-de-France, bureaux des étudiants, prépas, universités, IUT…) jusqu'à fin décembre 2019. « L'objectif est d'ouvrir les yeux sur la réalité du bizutage et de ses conséquences sur les victimes, de créer un sentiment de révolte et d'indignation », explique le CNCB.
« On constate une évolution des mentalités mais ce n'est pas encore suffisant. On aimerait avoir moins de témoignages », souligne Marie-France Henry, présidente du CNCB.
En 2018, une vingtaine d'étudiants et leurs familles ont contacté l'association pour signaler des cas de bizutage. Une personne en cursus de médecine a témoigné auprès du CNCB : « Une fille en combinaison a parcouru l'amphi à 4 pattes tenue en laisse par un garçon. Un concours de bière a ensuite eu lieu, les garçons ont fait boire les filles », a-t-elle expliqué.
Témoigner semble encore difficile pour les jeunes par peur de représailles ou manque d'information. Le comité national est catégorique, même si peu d'étudiants déclarent des faits, ces pratiques perdurent et se diversifient sous couvert de tradition. Selon l'association, aucune filière ne serait épargnée. « Une seule personne parle anonymement mais nous savons qu'une promotion entière peut être touchée, explique Françoise Mougin, secrétaire générale du CNCB. Les traumatismes physiques et psychologiques sont importants et durables. » « Ils ont tellement envie de s'intégrer qu'ils se laissent faire », complète Marie-France Henry.
La campagne invite aussi les étudiants, les profs, les chefs d'établissement et les parents à graffer le mot « STOP » sur leur poing comme signe de ralliement et de soutien au mouvement et de le poster sur Facebook (mention @ComiteNationalContreleBizutage), Instagram (mention @bizutagejedisstop) et Twitter (via #JeDisStop).
Le CNCB a également mis en place le site Internet de la campagne un espace dédié afin d'inciter les individus témoins de scènes et les victimes à témoigner anonymement.
Deux carabins blessés à Rennes lors du WEI
Pas plus tard que le 2 septembre, deux étudiants en deuxième année de médecine à Rennes ont été blessés au cours de leur soirée d'intégration, rapporte France bleu Île-et-Vilaine dans son édition du 4 septembre. Ces deux étudiants attachés entre eux ont reçu du vinaigre blanc en plein visage. L'un d'eux a terminé sa soirée aux urgences ophtalmologiques du CHU (il n'a pas de séquelle). La ministre de l'Enseignement supérieur a réagi immédiatement sur Twitter qualifiant ces pratiques d'« intolérables » et en rappelant à l'ordre les organisateurs de la soirée.
Ces pratiques intolérables doivent cesser ! Nous avons créé des ressources pour former, informer et accompagner les BDE et établissements. J’appelle chacun à s’en saisir rapidement #StopDangerWEIhttps://t.co/8zUtNkyZZV https://t.co/eWP1p9612a
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) September 5, 2019
Fin août, le syndicat étudiant l'UNEF Auvergne, a dénoncé les injures à caractère homophobe et sexiste dans la promotion de la première année commune aux études de santé (PACES) de l'UFR de médecine de l'université Clermont Auvergne (UCA). Une étudiante doublante de cette promotion a contacté le syndicat étudiant ainsi que la cellule d'écoute et d'accompagnement sur le harcèlement sexuel (mise en place dans toutes les facs en 2018) pour alerter sur la publication de plusieurs messages haineux postés sur un groupe privé Facebook de la promotion PACES.
L'année dernière, une charte visant à éviter les dérives et les drames lors de soirées festives – week-ends d'intégration, événements de fin de semestre, soirées de « désintégration » etc. – a été signée par la conférence des doyens santé et les associations étudiantes comme l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF).
Le bizutage est un délit puni de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende depuis la loi du 17 juin 1998. La loi intègre l'alcoolisation massive depuis 2016.
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