Le pédiatre a une place centrale dans une politique de santé de l’enfant. Il assure une mission de soins primaires, mais occupe également une position de recours, diagnostique et thérapeutique, en ambulatoire ou en hospitalier. La stratégie nationale de santé 2018-2022 identifie des priorités spécifiques à la politique de santé de l’enfant et de l’adolescent, dont l’accomplissement impose la participation de professionnels bien formés. Les ambitions de ce programme sont notamment de poursuivre l’adaptation de l’offre de soins aux spécificités des enfants et des adolescents, d’améliorer le repérage et la prise en charge précoces des troubles et maladies de l’enfant, l’accompagnement et l’insertion sociale des enfants handicapés, objectifs relevant tous d’une formation pédiatrique spécifique.
Cette nécessité a été clairement validée par l’allongement du DES de pédiatrie à 5 ans, permettant d’optimiser la formation des pédiatres à ces missions, quelle que soit leur modalité d’exercice. Cette nouvelle maquette reconnaît également des options de surspécialité à forte valence ambulatoire (pneumologie et neurologie), avec un objectif affiché de renforcer les interactions ville-hôpital sur les pathologies chroniques concernées.
Les besoins ne sont actuellement pas assurés
Les données démographiques de 2016 et de 2017 témoignent d’une inadéquation persistante entre la formation et les besoins en médecins de l’enfant. Nous assistons à l’absence de renouvellement des installations en pédiatrie ambulatoire (à titre exclusif ou en exercice partagé entre la ville et l’hôpital) : alors qu’il y avait 2 621 pédiatres installés en 2007, ils n’étaient plus que 2 419 en 2017. Nous observons également un taux important de vacance statutaire pour les postes de praticiens hospitaliers à temps plein (21,5 % en 2017) et temps partiel (36,2 % en 2017). Parallèlement, la cohorte des pédiatres vieillit : 1 735 ont plus de 60 ans, ce qui imposerait – au minimum – la formation de 345 jeunes pédiatres par an sur les cinq prochaines années pour leur remplacement. Certains bassins de vie ne recensent aucun pédiatre en exercice libéral ou mixte.
La France est clairement sous-dotée en pédiatres : elle est le 29e pays européen sur 36 quant au nombre de pédiatres pour 100 000 habitants (1). Et, même lorsqu’on limite cette comparaison aux pays européens dont le système de soins primaires pédiatriques associe pédiatres et généralistes (2), la France est 9e sur 10.
Cette situation s’aggrave, dans le cadre d’une démographie française soutenue, puisque, entre 2007 et 2015, le nombre de pédiatre pour 1 000 enfants a diminué de 9 %. Notre souhait est d’augmenter progressivement le nombre de pédiatres de 12 à 13 pour 100 000, pour placer la France au niveau de la Belgique ou de l’Allemagne, ce qui correspond à 670 pédiatres à former dans les années à venir en plus du renouvellement des effectifs actuels.
Une adaptation du nombre de DES est nécessaire
Le nombre de postes offerts pour le DES de pédiatrie baisse depuis 3 ans, ne permettant pas d’assurer l’objectif minimal de renouvellement des générations. Il était de 345 pour l’année universitaire 2015-2016, mais seulement de 325 pour 2016-2017, de 316 pour 2017-2018, et de 333 pour 2018-2019. Dans les années à venir, une stabilité est envisagée, avant une augmentation à 353 pour l’année universitaire 2022-2023 (3). Or, nous estimons que le nombre de pédiatres à former chaque année est de 395. Ce nombre permet à la fois de maintenir les effectifs actuels (345 DES par an) et d’obtenir un rattrapage progressif de la mauvaise couverture pédiatrique de notre territoire (50 pédiatres supplémentaires par an). Il nous faut désormais être entendus !
« La stratégie nationale de santé 2018-2022 a reconnu des priorités spécifiques à la politique de santé de l’enfant et de l’adolescent, il faut pour cela des professionnels bien formés »
Président de la Société française de pédiatrie (1) http://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php/Healthcare_… (2) Van Esso D. et al. Paediatric primary care in Europe: variation between countries. 2010 Oct;95(10):791-5 (3) Arrêté du 14 août 2018 sur le nombre d’internes en médecine à former
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