Un an après l'annonce par Emmanuel Macron de la suppression de la première année commune aux études de santé (PACES) et du numerus clausus, les deux décrets et l'arrêté concernant les nouvelles voies d'accès aux filières sélectives de santé (médecine, maïeutique, odontologie et pharmacie – MMOP) ont été publiés mardi 5 novembre au « Journal officiel ».
Calendrier serré, 16 millions d'euros à la clé
Ces textes d'application, déjà éventés, détaillent les nouvelles voies d'admission pour un bachelier ou un étudiant désireux de rejoindre une filière santé. Objectif : décloisonner les cursus, diversifier les profils, faciliter l'orientation et la réussite. La réforme entrera en vigueur en septembre 2020.
Le calendrier reste très contraint. Les universités ayant une faculté de santé ou non doivent se mettre en ordre de bataille, les différentes voies d'accès devant être proposées sur Parcoursup à partir du 20 décembre. Côté accompagnement financier, 16 millions d'euros sont consacrés l'année prochaine à ce chantier afin de « développer les nouvelles voies d'accès, organiser les épreuves complémentaires et accueillir un nombre accru d'étudiants dans les filières concernées ». Insuffisant aux yeux des jeunes.
Le L.AS et le PASS, les deux sésames
Dès la rentrée 2020, donc, un bachelier aura schématiquement deux grandes voies possibles d'admission dans les études de santé.
Il pourra rejoindre une licence classique épousant ses points forts (maths, éco, lettres, droit, SVT, gestion, économie etc.) comprenant une option « accès santé » (L.AS).
Ou il pourra s'inscrire d'emblée dans un parcours spécifique « accès santé » (PASS, proposé uniquement dans les universités ayant une faculté de santé) avec une option d'une autre discipline (droit, philosophie, management…) dans laquelle il pourra poursuivre en deuxième année s'il n'est pas admis dans la filière santé.
En pratique, comment ça marche ?
Dans le détail, si l'étudiant choisit la licence classique avec option « accès santé » (L.AS) et qu'il valide sa première année, il pourra aussitôt candidater dans une ou plusieurs filières santé. Soit il est admis dans la filière qui l'intéresse, soit il n'est pas reçu à l'issue des épreuves de sélection et peut poursuivre en seconde année de licence (s'il le souhaite, il pourra retenter sa chance aux études de santé l'année suivante ou encore celle d'après). En revanche, si l'étudiant ne valide pas sa première année de licence, c'est le retour à la case départ. Il peut toutefois redoubler en L.AS ou se réorienter sur Parcoursup.
Deuxième voie : si l'étudiant privilégie le parcours spécifique accès santé « PASS » (avec option droit, biologie, langues, etc.), et qu'il valide sa première année, il candidate à une ou plusieurs filières santé. Soit il y est admis en deuxième année après les épreuves de sélection, soit il n'est pas reçu mais poursuit dans la licence de son option (et pourra retenter sa chance dans les études de santé après un an supplémentaire). Attention : s'il ne valide pas cette première année (PASS), il ne peut ni candidater aux études de santé, ni redoubler (et doit se réorienter via Parcoursup).
Le tableau ci-dessous décrit les modalités des deux voies possibles.
PASS ou L.AS, comment choisir ?
Les tutelles ministérielles conseillent aux jeunes de bien faire le tri de « ses points forts, ses centres d'intérêt et les filières qui l'intéressent en dehors de la santé ». De fait, la possibilité de candidater aux études de santé sera jugée, pour une part significative, sur les notes obtenues en première année à l'université. « Les lycéens dont les points forts sont dans des domaines éloignés de la biologie peuvent choisir une licence avec "option santé" dans un domaine qui les intéresse », illustrent-ils.
A noter qu'une troisième voie d'accès sera possible après l'obtention d'une formation d'une durée de trois années minimum « conduisant à un titre ou diplôme d'État d'auxiliaire médical », comme infirmier.
Une admission en santé... toujours sélective
Exit le concours uniquement basé sur des QCM interminables, les candidatures aux études de santé seront évaluées sur les résultats dans le parcours initial de formation (L.AS ou PASS). Seuls les jeunes dont les notes sont « supérieures à un seuil fixé par l'université » entreront directement dans la filière santé de leur choix. Dans le cas contraire, les étudiants seront départagés après le passage d'« épreuves complémentaires », orales ou écrites (dont les modalités seront précisées par chaque université).
Concernant la répartition des places dans les filières santé, au maximum la moitié des admis pourront provenir d'une seule formation (sauf mesures dérogatoires). L'objectif est d'éviter de recréer une voie royale d'entrée comme la PACES... La répartition se fera comme suit : 30 % minimum d'étudiants ayant validé une première année (PASS ou L.AS), 30 % minimum d'étudiants ayant validé deux années de licence, 5 % maximum d'étudiants européens, 5 % maximum d'étudiants issus des passerelles (diplômé d'un bac+5, doctorat, école d'ingénieurs…).
Les universités aux manettes
Si le numerus clausus disparaît, les universités n'ouvriront pas les vannes pour autant. Chacune déterminera en lien avec son agence régionale de santé (ARS) le nombre d'étudiants admis en deuxième année dans chaque filière santé en prenant en compte « les besoins en professionnels de santé dans les territoires », les capacités d'accueil des facs et de l'ensemble des terrains de stage (hôpital et ambulatoire). Ce plan de formation doit être élaboré tous les cinq ans par les facultés et les tutelles.
Je suis en PACES en 2019, que se passe-t-il ?
Les étudiants actuellement en première année commune aux études de santé (PACES) en 2019/2020 et qui n'entreront pas dans le numerus clausus pourront exceptionnellement redoubler (au sein d'une PACES composée de redoublants et avec un numerus clausus spécifique) .
Les jeunes sur leur faim
Mécontent, le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) a dénoncé, à la lecture de cette réforme, une « fausse disparition du numerus clausus et une vraie complexification de l’entrée en études de santé ».
De son côté l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) est sévère. Les textes ne sont pas à la hauteur à ses yeux. Les carabins dénoncent le manque de moyens d'acompagnement, redoutent la reproduction du schéma de la PACES « par facilité » et les mesures dérogatoires permettant à plusieurs universités d'adapter la réforme à la carte...
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