DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE
QUEL EXERCICE les internes souhaitent-ils ? « On parle toujours à la place des jeunes, nous avons donc décidé, pour la première fois, de leur demander directement quelle était leur vision de leur futur », explique Stéphane Munck, président d’ISNAR-IMG. Dans un contexte de crise prétendue de la profession, avec un recul de l’âge de l’installation (entre 38 et 39 ans), et l’imminence de nombreux départs à la retraite, il semblait important au syndicat de mieux connaître le quotidien et les désirs des internes.
Les résultats (encore partiels) de l’enquête nationale (1) sont, d’après ISNAR-IMG, très encourageants sur l’engagement des internes. Ils contredisent l’image d’une génération exclusivement tournée vers l’hôpital. Mieux, ils montrent que les jeunes ne fuient pas les zones sous-denses, lorsqu’ils bénéficient d’aides comme le contrat d’engagement de service public (bourse distribuée à l’interne qui s’engage à exercer dans une zone déficitaire) ou le futur guichet unique. Radioscopie d’une génération.
• Les internes en 2011 : visage féminin
La répartition hommes/femmes des répondants reflète la féminisation des nouveaux internes, puisque les femmes sont 72 % à avoir complété le questionnaire. L’âge moyen est de 26,5 ans, et 84 % d’entre eux ont choisi volontairement la médecine générale lors de l’Examen National Classant. Seuls 30 % des internes valident leur deuxième stage ambulatoire (Stage autonome en soins primaires ambulatoire supervisés, dit SASPAS, que l’ISNAR-IMG voudrait généraliser) et 21 % font des remplacements.
• Statut : l’attrait des remplacements
Parce que le remplacement est déjà connu pendant l’internat, plus de la moitié (55 %) des internes envisage ce mode d’exercice à la fin de leurs études. La deuxième option privilégiée est l’installation, devant l’hôpital. « Il est donc faux de penser que tous les internes veulent travailler à l’hôpital, et encore plus de penser que les femmes le souhaitent davantage que les hommes », souligne Stéphane Munck.
•Lieux d’installation : les zones fragiles, oui si...
Les internes souhaitent avant tout s’installer dans leur région d’internat (à 79 %). Pourtant, ils semblent prêts à exercer dans des zones déficitaires à certaines conditions, comme la présence à proximité de leur lieu d’exercice d’un laboratoire d’analyses médicales, d’une pharmacie, de paramédicaux libéraux, et d’un cabinet de radiologie. Du côté des incitations, ils promeuvent surtout l’aide logistique et financière à la création d’une maison de santé pluriprofessionnelle et des avantages fiscaux. Seulement 12,2 % des internes refusent catégoriquement de s’installer en zone sous-dense.
•Conditions de travail : 9,2 heures par jour, pas plus
Les internes souhaitent travailler en moyenne 9,24 heures maximum par jour, et jusqu’à 9,20 demi-journées par semaines (soit 4,5 jours). Près de 80 % estiment que les gardes en ambulatoire font partie du métier. Enfin, ils plébiscitent (à 80 %) la délégation de la gestion administrative afin de dégager davantage du temps médical.
• Rémunération : les forfaits ont le vent en poupe
Près de 80 % des internes souhaitent sortir du paiement à l’acte exclusif, au profit d’une rémunération mixte. Ils privilégieraient parmi les nouveaux modes de rémunération le forfait (47 %), puis la capitation (38 %). La rémunération à la performance ne séduit que 14 % des internes.
•Projets : ils y pensent tard
Seuls 21 % des internes ont un projet d’installation ou de poste en fin d’internat. « C’est déjà beaucoup », estime Sophie Augros, vice-présidente de l’ISNAR, qui remarque que « les internes pensent à leur projet professionnel dès qu’ils passent six mois en stage chez un généraliste ». En revanche, 70 % veulent être maître de stage. « Un vivier plein d’espoir », selon Stéphane Munck.
Enquête est représentative de 23,4 % des internes en médecine générale (1939 personnes), sondés du 2 juillet 2010 au 1er janvier 2011
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