Covid-19 : les internes s'organisent en cellules de crise pour gérer les réaffectations et prévenir l'épuisement

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Publié le 30/03/2020

Crédit photo : S. Toubon

Dans la guerre face au Covid-19, les internes se sont mis eux aussi en ordre de bataille. L'intersyndicale nationale des internes (ISNI) a ainsi déjà mis sur pied huit cellules de crise dans les villes les plus touchées par la pandémie afin de comptabiliser les volontaires, réaffecter les jeunes dans les services en tension ou submergés (en accord avec les maîtres de stage et chefs de service) et prévenir au maximum les situations d'épuisement avec des relais.  

Regrouper les compétences

Ainsi, les syndicats d'internes locaux de Strasbourg, Nancy, Besançon, Paris, Marseille, Lyon, Nice et Montpellier ont créé des plateformes afin de recenser les internes volontaires dans leur subdivision et les réaffecter au gré des besoins. « Au début de la crise, de nombreux internes se sont portés volontaires pour aider les services en tension, il a fallu recenser tout le monde. Puis nous avons réalisé des fichiers Excel pour regrouper les compétences, par exemple, tel interne a fait un stage en réanimation, il peut donc rejoindre un service en souffrance si nécessaire », explique au « Quotidien » Léonard Corti, secrétaire général de l'ISNI.

Chargés de faire remonter les informations, des "référents" internes par établissement et par service, notamment aux urgences, en réanimation, en maladies infectieuses et en pneumologie précisent chaque jour aux syndicats les besoins nécessaires dans les hôpitaux en difficulté. « On a mis en place un code numérique de 1 à 5. S'il note 1 c'est que ça va, si c'est 5 cela signifie qu'ils sont en souffrance », explique Léonard Corti.

100 réaffectations par jour en Ile-de-France !

La crise du Covid-19 occasionne une croissance de la charge de travail sans précédent. L'ISNI estime que les internes affectés dans les services les plus exposés travaillent au minimum 70 heures par semaine. « Les services se réorganisent, par exemple, un service d'infectiologie a créé une ligne de garde où un interne doit être présent à chaque fois dans le service alors que ça n'existait pas avant, le rythme de travail est donc plus soutenu », analyse Léonard Corti. Au total, l'ISNI estime qu'environ 1 000 internes ont déjà été réaffectés ces sept derniers jours dans les établissements. 

Rien qu'en Ile-de-France, 1 700 internes se sont portés volontaires sur les 4 500 de la région pour permettre de répartir au mieux les efforts, y compris dans les hôpitaux périphériques. Quelque 200 référents aiguillonnent le syndicat local. Entre le 23 et 29 mars, 100 internes ont été réaffectés chaque jour en moyenne dans les services de réanimation et aux urgences principalement, soit parce que les établissements ont ouvert de nouveaux lits, soit pour prendre le relais d'internes épuisés.

Transports, logements : besoin de clarification

« L'ARS nous laisse gérer, précise le secrétaire général de l'ISNI. Nous prévenons le coordonnateur du DES de l'interne qui va être réaffecté, le chef de service dans lequel l'interne exerce actuellement et le chef de service qui l'accueille. Enfin, nous envoyons un mail à l'ARS. C'est un lourd travail. Une fois dans son nouveau service, l'interne doit se manifester auprès de la direction pour régler les détails de rémunération liée aux gardes et autres ». Il confie que 25 internes œuvrent tous les jours dans la cellule de crise de Paris pour rendre possible ces réaffectations.

Des inquiétudes demeurent sur les modalités de prise en charge des logements (chambres d'hôtel par exemple) et des transports pour les soignants. Le gouvernement a promis des aides, mais aucune ligne directrice ne se dégage. Résultat ? Les établissements font à leur sauce. « Certains établissements remboursent les taxis, d'autres louent des voitures pour les personnels, constate Léonard Corti. Mais personne ne sait vraiment qui doit avancer les frais ».


Source : lequotidiendumedecin.fr