Avec trois grandes réformes des études médicales sur les bras – de la première à la sixième année – et un calendrier serré, la conférence des doyens ne sait plus ou donner de la tête. Lors d'un colloque à l'initiative de l'Association des Sciences Po Alumni, le patron de la conférence des doyens des facultés de médecine, le Pr Jean Sibilia, a certes défendu la nécessité de réformer la formation initiale mais a jugé « compliqué » de mener à bien tous ces chantiers tant un délai aussi « court ».
De fait, les doyens sont sur tous les fronts. Ils gèrent déjà le déploiement de la réforme du nouveau troisième cycle, opérationnelle depuis 2017, et planchent désormais sur l'aménagement programmé du second cycle (de la 4e à 6e année) et sur l'architecture du nouveau premier cycle des études de santé (de la 1er à 3e année). Un casse-tête.
Le temps presse. La réforme législative de l'accès aux études de santé est attendue au premier trimestre 2019. La feuille de route est très claire : suppression du numerus clausus et de la première année commune aux études de santé (PACES) effective dès 2020 ! Le nouveau second cycle, lui, est attendu l'an prochain. « Nous voulions faire une réforme globale, et pas des petits pas par-ci par-là, argumente le Pr Sibilia. Nous travaillons avec les autres doyens des études de santé mais le timing politique est très serré. » Si l'on ajoute la réforme du baccalauréat, pour la session 2021, qui aura aussi des incidences sur l'entrée dans les études supérieures, on mesure l'ampleur des défis.
Urgence
Les réunions s'enchaînent à un rythme effréné et des interrogations émergent sur la faisabilité de la refonte du premier cycle santé en quelques mois. « Nous travaillons déjà sur le contenu, l'accès aux études de santé et les modalités de contrôle des connaissances. On devra peut-être recommencer avec la réforme du bac prévue en 2021, ne faut-il pas mettre en phase ces deux réformes ? », interroge le Pr Sibilia.
La formation médicale initiale devra favoriser l'ambulatoire et l'interprofessionnalité et mieux intégrer le numérique. « Le sujet est complexe et tout est fait dans l'urgence », alerte le patron des doyens.
L'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) se montre plus optimiste. Contactée par « le Quotidien », Clara Bonnavion, présidente de la structure jeune, juge que la réforme de l'accès aux études de santé ne peut plus attendre. « Il faut être ambitieux, ça paraît court comme délai, mais c'est possible ! Les modèles envisagés sont en cohérence avec la future réforme du bac ».
La fin du redoublement
Par quoi remplacer la PACES et le numerus clausus ? Le rapport sur la réforme du premier cycle, rédigé par le Pr Jean-Paul Saint-André, ex-doyen de l'UFR d'Angers, sera remis le 11 décembre. Selon « L'Obs », le nouveau modèle (portail santé) sélectionnerait une majorité d'étudiants (jusqu'à 70 %) dès la fin de la 1re année. Le redoublement serait interdit et les jeunes en échec seraient réorientés vers d'autres filières. Mais par le jeu des passerelles entrantes, les étudiants collés pourraient retenter leur chance après l'obtention d'une 2e ou 3e année de licence.
Pour diversifier les profils, l'AlterPACES constituerait la seconde grande voie d'entrée dans les métiers de la santé. Ce schéma permet l'accès en deuxième année des études de santé d'étudiants ayant validé une L2 ou L3 d'un tout autre parcours universitaire (biologie, sciences de la vie, physique chimie, droit, autre licence, voire CPGE).
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